Nano. RolePlay

Plongé dans le noir, il y avait deux choses dont il était sûr : ce silence lui était pesant, pas habituel, et il avait vraiment, mais vraiment mal.

Une grande inspiration le réveilla un peu plus, son torse lui faisait souffrir le martyr et tout était étrangement vert autour de lui. Il était dehors, à l'air libre, mais son environnement le laissait perplexe : la nature verdoyante lui paraissait inappropriée et les piaillements des oiseaux incongrus. Il connaissait, il en était sûr, mais ça lui semblait bizarre. Il n'y avait pas ça av... avant ?

Il y eu un blanc dans ses pensées. Le garçon ne voyait pas d'images, pas de souvenirs à coller à un "avant", juste la sensation que c'était différent de ce qu'il voyait. Il ignorait également pourquoi il était allongé là au milieu de nul part, blessé, et beaucoup trop couvert pour la température ambiante.

Pire encore : il n'avait aucune idée de qui il était lui-même.

Comme à son habitude, Moira arpentait les routes d’Heavensaw dans sa roulotte avec ses compagnons de voyage atypiques. Et, comme cela lui arrivait parfois, elle arrêta sa roulotte en voyant quelqu’un gisant dans l’herbe le long de la route. Vivant ou mort ? Elle mit le frein, empoigna Aisling et descendit à la hâte avec sa trousse de premier secours. En approchant, elle vit qu’il s’agissait d’une jeune homme à peine sorti de l’adolescence, conscient mais pas bien en point. « Qu’est-ce qu’il t’est arrivé, jeune homme ? » Elle l’aborda d’une voix douce en s’agenouillant à côté de lui.

Oh ça il reconnaissait ! C'était le bruit des sabots d'un cheval - /Un étalon noir, sublime, avec un regard doux./ - qui claquaient sur un sol dur. Puis des pas précipités et une voix féminine. Bougeant avec difficulté la tête, sa vision était à moitié coupée par la capuche de sa grande veste en tissu épais. "Je..." Il toussa, un goût ferreux dans la bouche. "Je ne sais pas."

Vu l’état du jeune homme, sa réponse n’étonna pas spécialement Moira. Il avait subi des blessures non négligeables et elle percevait également une magie qu’elle ne parvenait pas encore à identifier autour de lui. « Ce n’est pas grave. Je vais devoir écarter tes vêtements pour m’occuper de tes blessures », le prévint-elle avant de joindre le geste à la parole. Vu ce qu’elle pouvait voir, c’était son torse qui avait le plus souffert, et c’est donc par là qu’elle commença.

Le cling quand ses couteaux de lancer s'entrechoquèrent le ramena à lui, excepté qu'il ignorait pourquoi il était ainsi armé... il y en avait quand même beaucoup ! Comment arrivait-il a bouger avec autant d'armes sur lui ? C'était à cause de ça qu'il était blessé ? Contre qui – quoi ? – s'était-il battu ? "Je suis désolé, ma faute pardon" relâcha-t-il machinalement alors qu'il serrait des dents sous la douleur.

La quantité étonnante de couteaux que le jeune homme portait étonna Moira, mais elle ne dit rien. Un membre d’une bande de brigands, peut-être ? Il n’en avait pourtant pas l’apparence ou le comportement. Son flot d’excuses sans raison apparente la surprit aussi, et elle lui sourit chaleureusement pour le rassurer : « Tu n’as pas à t’excuser. » Avec douceur et précision, elle dégagea les blessures et commença à les nettoyer, en prenant soin de ne pas appuyer trop fort pour ne pas exacerber la douleur.

Les soins se passèrent en douceur, la dame semblait savoir ce qu'elle faisait. Lui avait toujours aussi mal mais étrangement, il n'était pas alarmé pour sa propre survit ; il s'en sortirait, il en était sûr. "On... on est où ? Je crois... j'étais dans une ville je crois." Uhm, le mot sonnait juste mais aucun nom lui vint.

« Une ville ? » Il n’y en avait aucune à des heures de route à la ronde, et son patient n’était clairement pas en état d’avoir fait autant de route par ses propres moyens. Un transport magique ? Hmm, peut-être, elle sentait bien des relents d’une magie qu’elle ne connaissait pas autour de lui. À moins que quiconque l’avait mis en si mauvais état ne l’ait transporté et largué au beau milieu de nulle part. Barbares.

"Je crois...? Il devait y faire froid, j'ai trop chaud i-ici" parlait-il pour faire abstraction aux soins douloureux. Combler le silence lui allait, il ne voulait pas se sentir seul – et il se sentait seul – même avec la dame à ses côtés. "C'est des (il toussa) oiseaux ce bruit ?"

Trop chaud ? Avait-il de la fièvre, signe d’une inflammation ? Non, apparemment pas. Ni la peau froide d’un blessé en état de choc. Par contre, vu comme il était habillé, il n’était en soi pas si étonnant qu’il ait chaud. « C’est des oiseaux, oui. » Au moins il était (plus ou moins) conscient de son environnement. « Je vais chercher de quoi traiter et panser tes blessures, je reviens tout de suite. » Elle aurait bien ajouté « ne bouge pas », mais cela lui semblait assez superflu.

Elle aurait dû. Sitôt la vieille dame partie qu'il essaya de se redresser, comme si rester inerte le mettait en danger, qu'il devait toujours être en mouvement et attentif. Son corps était lourd et malgré la blessure, il put s'asseoir et analyser un peu plus son environnement... très vert et lumineux. Dégagé. Calme. Ça manquait de bruit et de fumée à son goût. La capuche fut retirée en arrière, libérant une tignasse indomptée de boucles d'un noir de jais. Il en attrapa une d'une main mise à nue - l'autre portait un gant, il avait dû en perdre un - pour mieux l'observer.

Moira fut considérablement surprise de voir que son patient s’était redressé : entre la perte de sang et la douleur, elle l’aurait cru trop affaibli pour ça. Elle posa son matériel de soins à côté de lui et saisit un onguent cicatrisant. « Tu sembles bien fasciné par tes cheveux », lança-t-elle d’un ton badin. Difficile à déterminer s’il avait une raison réfléchie de s’y intéresser ainsi, ou s’il était à moitié dans les vapes. La deuxième hypothèse semblait plus plausible, vu sa condition.

/"On dirait un petit mouton"/ lui revint l'écho d'une voix douce et féminine, amusée. "Sans plus..." Il frotta les mèches entre ses doigts et les teignit d'avantage de rouge. Fronçant des sourcils, le garçon passa une fois de plus sa main dans ses boucles pour la ressortir poisseuse et ensanglantée. "Je... je crois que je me suis aussi blessé à la tête" eut-il le diagnostic facile.

« En effet », constata Moira. Délicatement, elle commença à écarter la masse de cheveux à la recherche de la blessure en question. Les blessures à la tête étaient toujours délicates, pas tant pour des problèmes de perte de sang, mais à cause des potentiels dommages internes importants. Il était plus simple de réparer un membre cassé qu’un esprit secoué.

Le garçon était docile et la promiscuité de la dame le dérangeait un peu. Pourtant, il avait l'impression que ce n'était pas la première fois qu'il se faisait soigner et la douleur était supportable maintenant qu'il s'y était habitué. De là à courir partout, il y avait encore du chemin. "Merci madame..." reprit-il toujours aussi détaché, autant que pouvait l'être une personne couverte de sang dans un milieu inconnu. "Je ne sais même pas qui vous êtes mais merci de m'être venu en aide, loué soit Son Nom."