Nano. RolePlay

Joy ouvrit les yeux, et fit une grimace à la vue de la forêt verdoyante qui s'offrait à elle. Ça mon gars, c'était pas New York. Elle était allongée sur le sol, dans une tenue de cosplay archère elfique peu couvrante. Elle se releva doucement, prise d'une légère migraine. Avait-elle encore fait la fiesta hier soir ? Elle soupira fort, étudiant sa tenue d'un air agacé. Un vrai cliché de RPG. Le responsable payerait. En revanche, l'arc qui allait avec le pack était plutôt joli, tout engravé de motifs dans le bois.

Une fois stabilisée à l'aide du tronc d'arbre le plus proche, elle sortit son téléphone et chercha du réseau. Elle commençait à s'impatienter, levant son portable vers le ciel en fronçant les sourcils. C'est alors qu'elle entendit des cris. Du moins, des sortes de beuglements étranges, qu'elle ne reconnaissait pas comme ceux d'un animal. Elle pivota sur elle même et vit soudainement une bande de petits ... gobelins ? Mais oui, des petits gobelins tout verts à la WoW. « Non mais je rêve, c'est pas bientôt fini ?! »

Malaggar leva les yeux au ciel. Ah les femelles ! pesta-t-il pour lui-même tout en se bouchant les oreilles afin de se protéger de la dégoûtante et écœurante compassion et bienveillance émises par ce satané piaf.

Joy était ravie. Elle n'avait pas eu l'occasion souvent, malgré sa fortune, de s'émerveiller ainsi devant un animal aussi communicatif ! Cela faisait longtemps qu'elle ne s'était pas sentie aussi joyeuse. Elle siffla encore quelques instants avec l'oiseau, puis finit par se retourner vers son guide. Et là, horreur. « Non mais je RÊVE ! » Elle lui fit de gros yeux, le choc se lisant sur son visage. « Un magnifique oiseau, sublime, et lui il se BOUCHE LES OREILLES, non mais j'hallucine. »

Oh, pitié ! se dit Malaggar intérieurement. Non mais de quoi je me mêle ! Qu'est-ce que ça peut bien lui faire ? Qu'elle se mêle de ses oignons, la petite sotte ! Pour faire plaisir à Joy, il retira ses doigts de ses oreilles. Voilà, vous êtes contente comme ça ? demanda-t-il tandis que son fidèle Balzac fondait sur l'oiseau de malheur pour lui régler son compte. Telle une ombre, il fondit sur sa proie et fila aussi sec à la vitesse de l'éclair, laissant derrière lui un cadavre. L'assassin parfait. Né pour tuer. Comme son maître. *Bravo Balzac !* le félicita Malaggar après avoir sursauté devant la scène pour ne pas éveiller les soupçons.

Joy avait stoppé tout mouvement. Choquée, déçue, mais pas surprise. Une colère froide s'abattit sur elle, ce qui ne l'empêcha pas d'exprimer vulgairement ses pensées. « 'Tin, c'est toujours pareil, un coin a l'air pas trop mal et c'est TOUJOURS une shitty place, non mais voilà, SUPER, piaf de ses grands morts là, j'me tire. » Elle continua à marmonner en partant sans son guide, fulminant.

Malaggar n'avait pas compris un traître mot de ce que la petite sotte venait de dire. Ce qu'il avait compris, en revanche, c'était qu'elle était fâchée d'avoir perdu son joujou. La voyant repartir seule en forêt, Malaggar s'assit en tailleur, un sourire amusé trônant sur ses lèvres, et attendit. *Balzac, tu me la surveilles et tu me préviens dès qu'elle sera en danger. Vu la direction dans laquelle elle va, ça ne va pas traîner...* *Reçu cinq sur cinq, coco !*

Joy marchait à grands pas, écrasant volontairement les branches sur son passage. Elle fulminait sur sa condition actuelle. Qu'est-ce qu'elle ne donnerait pas pour une carte ! Ainsi, alors qu'elle était encore perdue dans ses pensées, elle ressentit une sensation étrange dans ses cheveux. Balayant du revers de sa main, elle projeta une boule noire sur le sol, qui se révéla être une araignée aussi grande que sa main. Joy hurla et tenta de piétiner la chose. C'était sans compter sur la vision d'horreur qui suivit. Il semblerait que cette grosse araignée soit en réalité le tout petit bébé d'une bien, bien plus grande boule noire.

*Jeune demoiselle en détresse, coco !* *Combien d'araignées ?* *Trois... pour l'instant.* *J'arrive !* Malaggar fonça sauver Joy. Il fallait faire vite avant que d'autres araignées rappliquent. La petite sotte était sur leur territoire. Une proie facile et de choix. Arrivé sur place, il se planqua pour analyser la situation et banda son arc, prêt à tirer.

Joy était seule. Paumée dans une forêt bizarre. Avec des araignées immondes. Bon. Des fois, on a plus le choix. Joy s'immobilisa, respira un grand coup pour se calmer, et se mit à chanter. Pas de paroles, pas de grandes envolées (c'est des bestioles ho ça mérite pas), mais des notes longues et douces. Petit à petit, et plus rapidement que ce qu'elle pensait, les monstres se mirent à bouger plus lentement, somnoler, puis sembler s'endormir.

D'où il était, Malaggar n'en perdait pas une miette. Sale petite morveuse ! pesta-t-il intérieurement. *T'as vu ça, Balzac ? Notre hôte n'est pas juste une sale gamine, elle nous a caché ses talents pour la magie. Ça la rend encore plus précieuse ! Tu sais quoi faire, mon fidèle ami !* *Reçu cinq sur cinq, coco !* Sur ce, le faucon démoniaque fondit sur les araignées et les attaqua afin de les réveiller. Les faucons démoniaques étant insensibles à ce type de magie, Balzac ne risquait pas de s'assoupir. Les trois araignées se réveillèrent, progressivement rejointes par beaucoup d'autres.