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Épreuve 1 - Esquisse & Elysion

Le Marionnettiste
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Épreuve 1 - Esquisse & ElysionJeu 15 Avr 2021, 23:21

Epreuve 1 : mini-RP



Le Grand PNJ se manifeste pour te donner une mission. Le monde a encore besoin de toi, Héros. Le monde... ou plus particulièrement quelqu'un. C’est peut-être ton pote, c’est peut-être la princesse Peach, c'est peut-être un chaton bloqué dans un arbre… Quoi qu'il en soit, complète ta mission ! Va, cours, vole ! Sauve cette personne en détresse, et ramène-nous du saucisson ! (On blague).



« Alors en quoi consiste cette mission ? ... Quête ? ... Chose ? »



Date : Du vendredi 16 à 00:01 au dimanche 18 avril à 23:59 (heure française)
Duo : Esquisse & Elysion

Rappelle du mini-RP : Tu postes 5 messages de 350 mots maximum en partenariat avec quelqu’un qui en poste 5 aussi. Soit un chouette mini-RP de 10 messages en tout  monstre  


Infos pratiques
Il n'y a pas d'ordre imposé. À toi de voir avec ton binôme qui de vous deux enverra le premier message.

• Tu peux retrouver ton binôme sur la shoutbox, via la zone réservée aux invités sur vos forums respectifs ou bien sur le discord de l'autre forum s'il y en a un. Si tu n'arrives pas à joindre ton binôme, n'hésite pas à le signaler à tes Admins !

• Si tu le juges nécessaire pour la compréhension de ton texte, tu peux poster une petite introduction de ton forum et/ou de ton personnage en spoiler en haut de ton post. Il ne comptera pas dans le total des mots maximum du message  mustachelli

• Fais très très très très très très très très très très (c'est fini?) très très très (non pas encore) très attention si tu utilises des codes de mise-en-page. NRP est un peu beaucoup ultra codé et très sensible aux balises mal fermées ou aux fautes de frappe dans ton code. Ca veut dire que tu peux casser le forum complet avec juste une balise de travers. Vu qu'en tant qu'invité tu ne peux pas éditer ton message, ça peut être très gênant. Tu peux cependant tester le fonctionnement de ton code dans le sujet test.

Si tu t'y connais pas en code ou que tu te contentes de faire un copier-coller d'un code de quelqu'un que tu ne connais pas, évite peut-être de l'utiliser sur cette édition Caillou



• Heureusement, kami-sama est gentille et a intégré un code préfait pour te permettre d'utiliser ton avatar et ton pseudo sur le forum, même en tant qu'invité :

Code:
<div class="profil-interfo"><img class="avatar-interfo" src="LIEN AVATAR" alt="TON PSEUDO" />
<span class="pseudo-interfo">TON PSEUDO</span>
<p class="bio-interfo scrollbar scrollbg-chim">TA BIO (facultatif)</p>
<span class="forum-interfo">TON FORUM</span></div>

• D'autres questions ? Viens les poser dans la foire aux questions, Jean-François !
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Melkus
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Melkus
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Elysion, c'est un univers médiéval fantaisie qui se déroule dans un monde divisé en trois continents. Minos, le troisième, est une grande île plus qu'un continent. C'est un monde plutôt rural et paisible, fait de petits villages et de forêts. Mon personnage se nomme Melkus. C'est un vieux marin, un humain sans qualité particulière, si ce n'est une bonne forme pour son âge, un certain talent de bricoleur, une connaissance solide de la faune et de la flore et de bon reste quand il s'agit de naviguer. Il est d'une grande tendresse bien qu'assez renfermé, depuis la mort de sa femme lui laissant la charge de leur fille de deux ans.


Elysion


                                                                             
L'appel

« J'ai fait du mieux que j'ai pu mais il reste toujours quelques ouvertures à ton lit, bulle de sable, paisible et silencieuse. Si je saisissais ma tête avec assez de violence, que je la lançais sur ta couverture, peut-être que les éclats, en petites plumes de crâne, rembourreraient joliment ton séjour. Je sais, il y a Anna. Je ne l'oublie pas. Elle ne parle jamais. C'est toi qui devais lui montrer la douceur, la beauté de nommer, la délicatesse du phrasé. Qu'y a-t-il de plus fou qu'un vieux voyou qui fait joujou avec son bout de chou ? Qu'y a-t-il de plus faux … Elle est chez Isilda. C'est un berceau de tendresse pour une petite princesse. Je vais te laisser, le mauvais temps arrive, le soir tombe, il ne reste qu'à se calfeutrer. Bonne nuit Elsa. »

 Le vent frappe plus durement que d'habitude. Une tempête approche. Le bois de la baraque craque, les plaintes des plinthes se succèdent. Les dernières lueurs sont dévorées, les cavaliers venteux font hennir leurs destriers, les flots, le sable, les arbres se gondolent sous les sabots impérieux. C'est une pulvérisation fascinante dont je sens les impacts au plus profond de mes os. Au milieu du désordre cosmique, une voix unique tinte. Très aiguë, elle est clouée au sol par la gravité nocturne et on n'entend plus qu'un bruissement, un bruit blanc. Ce ne peut être elle mais je suis déjà dehors. Ma vareuse gonflée d'avaries me tire vers l'arrière. J'avance, hypnotisé, suivant les chuchotis de ma sirène revenue. Je distingue au sein des vagues en fureur, une lumière qui me fascine et m'entraîne, comme un jeune moustique enamouré. Ma barque se fend au milieu de l'écume rapace, se tord et gémit. L'appel est un filet de soupirs que je suis goutte à goutte vers le pire. Je rame frénétique, je sens chaque parcelle de sa musique, de ses intonations qui formaient ma vie …

 Mon esquif se brise et je chavire. L'eau emplit mes poumons tandis que ce mot perce mes tympans :

« Viens »
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Effie
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l'Esquisse

L'esquisse
L'esquisse est un étrange univers où le soleil ne brille jamais, où le ciel est violet, où les jours durent parfois deux semaines, parfois six heures, où les objets bougent et où les souvenirs et apparences s'altèrent. Les dessinateurs, des humains initialement extérieurs à l'esquisse, originaires de notre terre en 2012, et cherchant bien souvent à en repartir peuvent ainsi être modifiés dans leur apparence, dans leur psyché, voire les deux.
Dans les sables, une période où les objets sont plus agressifs, et où les Tempêtes font rage, nous suivons les aventures d'un groupe uni de dessinateurs au sein d'un complexe laboratoire, faisant front commun pour trouver la sortie de l'esquisse.
Encore que quand on voit le légionnaire romain qui poursuit le gosse de 8 ans dans tout le labo, le perroquet qui plonge en pique sur un loup, ou la nana qui hurle que la gosse de 10 ans veut sa peau, on se demande si le danger, c'est vraiment les objets...

Effilys SilverEffie n'a pas été vraiment affectée par l'esquisse. Du tout, j'vous assure. Vampire de presque 2 siècles, éternelle enfant, elle se souvient très bien venir d'un monde médiéval fantastique, son frère l'envoyant régulièrement dans d'autres mondes. Bon par contre elle n'a pas trop compris pourquoi, cette fois ci, non seulement elle se sent lourde et faible comme si elle avait vraiment 10 ans, mais en plus elle portait une blouse bizarre, fermée dans le dos, marqué "hôpital" dessus, et pas de chaussures.
Elle s'est habillée avec ce qu'elle a trouvé dans le labo, à savoir un jean et un t-shirt trop grand, une chemise de labo noire lui tombant aux chevilles et des patins a clepsydre. Elle a comme arme un bilboquet et une fronde autour du front, sans munitions, hélas.


Parmi les choses qui me perturbent, avec l’Esquisse, il y a le fait que, bien qu’habituellement nyctalope, je n’y vois goutte une fois le ciel de l’esquisse éteint comme on soufflerait une bougie. Certes, le laboratoire est éclairé, et je peux poursuivre ma fouille, mais c’est tout de même dérangeant. Alors quand je trouve un flacon de collyre de « gouttes de clair-voyance », j’ai peu d’hésitations à les utiliser sur moi même. Bon, ça n’illumine pas le couloir sombre, à peine éclairé par des veilleuses. Mais c’est comme des lucioles qui s’élancent devant moi, tournoient et éclairent un chemin, plus loin.

Un temps d’hésitation. Prévenir Crevette ? Quelqu’un ? Mais les lueurs vacillent, lorsque je recule. Alors j’avance, glissant dans leur sillage, vers une porte, plus loin, que je n’avais encore remarqué, maintenant auréolée de lumière. Je la franchis, et je suis dehors. Marrant je me souvenais pas qu’il y avait une sortie ici. Il y a là un arbre aux feuillage turquoise luminescent, qui m’est familier, dont émane une mélodie. Bien sur ! L’arbre chantant qui a essayé de me tuer hier ! Bon, ben on va peut-être pas rester à côté ? Mais les lucioles sont d’un autre avis, dansant autour d’une forme inerte, au pied de l’arbre. Un humain.

L’arbre ne bronche pas alors que j’approche de la forme inconsciente, chantant un truc à propos de raisons qui renoncent, mais pas les mémoires. Un homme, un peu âgé. Des réflexes reprennent le dessus. Le cœur ? Il bat. La respiration ? Hachée. Il est mouillé. Je le secoue, le déplace, pour aider à respirer et à recracher l’eau. D’où elle vient cette eau ? Bah, dans l’immédiat l’important c’est qu’elle sorte des poumons.

« Eh. M’sieur ! Vous m’entendez ? Serrez ma main. Ouvrez les yeux ! »

Allez ‘m’sieur’, ne reste pas sur le chemin de… Je ne sais même pas de quoi. Le jour s’est levé, avec la soudaineté qui caractérise l’esquisse, et si les lucioles sont toujours là, dansant autour du capitaine, glissant parfois plus loin, le laboratoire est invisible.
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Melkus
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ELysion



Je hoquette comme un enfant. Je déglutis l'eau engloutie plus tôt. Les fils de sel laissent bientôt passer l'air sous mes paupières. Une lueur berce mon corps endolori. Je reconnais des nuances turquoise, qui dans mon esprit se mêlent à des mers d'autrefois. Je me redresse et me rends compte de sa présence. Une petite fille.

 Elle doit avoir dix ans. Quelle situation étrange … Je me tuais dans l'océan et me voilà sous un arbre aux pieds d'une enfant. Ses habits sont étonnants, tous trop larges, d'épais voiles de cire sur un corps fin de bougie.

 Je veux entamer la discussion mais une douleur à la cheville m'incommode. Je passe ma main et découvre un coquillage. On ne peut pas dire que cela change grand-chose mais je souris. Je le présente à ma jeune camarade et lui dis :

« Si tu tends l'oreille, tu peux entendre la mer. C'est de là que je viens. J'étais incapable de remonter et allais terminer étouffer. Maintenant, je suis ici. Je n'y comprends rien mais les douleurs que je ressens m'informent que je ne suis pas mort … C'est bien le cas ? Mais pardonne-moi, je suis impoli. Je m'appelle Melkus. Il aurait mieux valu commencer comme ça ! »

 Elle se présente à son tour. Elle se nomme Effie et si elle-même n'en sait pas beaucoup non plus, elle me confirme que nous sommes bien vivants et que cet endroit « L'Esquisse » semble accueillir de nombreuses personnes venant d'autres mondes. L'explication est dure à avaler d'autant plus, que la petite a le verbe rapide, et que les informations s'entrechoquent en un carambolage d'éléments inconnus. Un peu sonné, je porte mécaniquement à mon oreille le coquillage. Je manque de le lâcher aussitôt.

 La voix d'Elsa. Ce timbre électrique fait crépiter toutes mes méninges. La porcelaine marine s'agite et pointe vers l'ouest. Je salue Effie et me précipite de nouveau. Bientôt s'ouvrent devant moi deux lacs dans une caverne, l'un au sol, l'un au plafond. Ils sont remplis de feuillets. L'un tournicote et me gifle :

« Viens »
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l'Esquisse
Je ne suis pas sûre que mon explication aie convaincue l’homme. C’est pourtant pas compliqué ? On est sur l’Esquisse c’est un autre monde, y a des objets des tempêtes et d’autres gens. J’ai même pas insisté sur mon âge ! Mais non, le marin il a l’air focalisé sur son coquillage. Déboussolé, peut être ? Il a dit qu’il était en mer. Il a fait naufrage? Pas le temps de demander, le voilà qui bondit sur ses pieds et court.

« Hey ! Attendez ! »

Je lui ai dit que c’était dangereux ! Il court et les luciole semblent le suivre, le devancer même. Est-ce qu’il les voit, lui aussi ? Je m’élance à leur poursuite, rapide, légère… et rapidement essoufflée. Une caverne, comme un trou dans le sol. Les lucioles y pavent la voix, et je m’y engage à la suite du marin. Devant nous un lac, un lac de feuilles. Parchemins, journaux, papiers éclatants de blancheurs semblant assez solide pour marcher dessus, et qui se dérobent sous mes pieds. Au plafond, son jumeau, et entre les deux des feuillets qui s’échangent. Les lucioles me montrent une voix de l’autre côté, la même peut-être qui guide mon acolyte, mais je ne pense pas pouvoir marcher au travers de ces missives. Là. Une barque, un peu plus loin, attachée à une jetée. Les planches en sont des dictionnaires, les rames des plumes aussi longues que moi, la voile un patchwork de pages avec des dessins de canards habillés comme des hommes.

« Eh, Cap’tain ! Vous embarquez ? Ça va plus loin ! »

Je suis déjà dans l’embarcation, à en défaire le nœud. Je me contente de montrer le cap, riant de nous voir glisser sur les pages noircies. L’une d’elle m’arrive dessus, et je l’attrape par réflexe, déchiffrant certains mots qui se démarquent.

« Incompatibilité Histologique… Proposition de traitement palliatif... »

Je ne comprends pas un traître mot. Mais sous mes doigts, l’encre pas tout à fait sèche à formé comme des larmes.

« Ou ça nous mène ce truc ? »
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Elysion


Dans une vieille histoire, il existait une forêt des menteurs. On y entendait de l'orée aux derniers chênes des murmures susurrés dans notre tête. Il ne fallait pas se laisser avoir sous peine d'être soi-même réduit à un ensemble de chuchotis.

 Je repousse le feuillet d'un geste et me jette à sa suite. La surface des lacs malgré est calme. Sur notre navire à lire, nous avançons doucement. Les « avirailes » faisant fi de leur légèreté sont de fiables outils. Le coquillage frétille vers une porte à l'extrémité du lac. La voix imprime plus vivement sa mélopée. Une vague soulève, délicate dune, notre embarcation et laisse flotter une écume de lettres autour de la coque.

« S-A-P-U-T-S-D-N-E-T-N-E-N-I-O-U-Q-R-U-O-P »

 La manche chiffonnée de ma vareuse trempe dans cette flaque alphabétique, et brasse les consonnes et voyelles, au rythme de mes bras. Du lac supérieur chute des stalactites de style, métaphores pointues, anaphores effilées et perçantes allégories. Ses monceaux s'abîment ensuite plus ou moins loin de nous, et les remous de ces chocs font tanguer notre bois encyclopédique. A la suite de plusieurs embardées, nous penchons à gauche et une vaguelettres s'écrase à nos pieds. Son tissu blablaquatique agrippe nos jambes.

« AIDE AIME AIDE AIME AIDE AIME  EDEN »

« MOI MOI MOI MOI  »

 Ces écrits de cris me bouleversent. Qu'est-ce qu'ils signifient ? Est-ce un autre signe d'Elsa ? Ce monde ne répond à aucun paradigme, alors peut-être … Ma jeune comparse est également assaillie par ces bavards.

« Tu y comprends quelque chose ? Est-ce normal ici ? Les phrases sont-elles pour nous ? »

 Je rejette les notes qui nous alourdissent à l'extérieur et tout se complique. Les pages qui nous entourent noircissent d'encre et de fureur, tandis que les lisses eaux manuscrites deviennent un maelstrom indéchiffrable. Les jets noirâtres rongent le bastingage et les plumes s'effilent dans ce magma informe. Nous sommes presque à la porte. Je prends appui sur le perron et tends la main à Effie.

Un calamar de termes fracturés, au loin, émerge et nous fixe.

« Filons ! »
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l'Esquisse
Bon, le capitaine est vachement plus doué que moi en navigation. Logique. Sous ses instructions nous avançons facilement, jusqu’à voir l’autre rive. Est-ce qu’on a attiré l’attention d’un prédateur sous marin, est-ce une des Tempêtes dont parlent les autres ? Les lacs de lettres, jusqu’ici si calmes, s’agitent, nous secouent, et c’est comme un message qui nous est adressé. Aime moi ? Aide moi ? Mais qui appelle ainsi ? A qui s’adresse-t-on ? Est-ce que j’y comprends quelque chose ? Est-ce que c’est le moment ?

« Non, aucune idée, et j’en sais rien ! Mais dans le doute, j’propose qu’on reste pas là ! Un bain vous suffit pas ? »

D’autant plus que vu ce qu’il est advenu de nos rames empennées, je doute que cette encre soit bonne pour nous. Et mes patins ne sont vraiment pas commodes pour moi sur un esquif qui tremble et roule, m’obligeant à me tenir au mat. Heureusement l’autre rive est proche, les parois de la caverne se fermant sur une porte, que mon compagnon impromptu m’aide à franchir.

Derrière la porte se trouve un endroit familier, aux murs de pierre blanche, aux étagères chargées de flacons divers, aux lits propres et aux draps frais. Je sens les odeurs un peu piquantes de menthe, de gingembre et de vinaigre. Pas de fenêtres, pourtant, juste une lumière qui semble venir du plafond. Et toujours les lucioles qui m’encouragent à franchir une autre porte simple, de l’autre côté.

« On dirait un lieu de soin. Vous pensez que quelqu’un vous appelle ? Parce que je vois personne qui m’appellerai pour que je l’aime, moi. J’aime déjà tout le monde ! »

Oui, ça l’amour, ça manque pas dans ma famille. Et pourtant moi aussi je me sens touchée par ces lettres manuscrites, maladroites, malheureuses. Un signe de tête et je suggère à mon compagnon d’avancer. Passer la porte. M’interrompre en entendant une voix féminine, attristée, plus loin dans le couloir. Ah, tu ne peux pas venir ? Non, non ça ira! Qui ment ainsi ?
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Je referme la porte. Quelques miettes de lettres effritées craquent sous mes semelles.

"L A A M I E"

 Je souffle un instant. Effie déambule devant, joyeuse. Elle sautille juchée sur ces étranges roulettes et ressemble à une acrobate que l'on tremble de voir tomber,  attirée par tout ce qui se porte à sa vue. Les formes, les odeurs, les couleurs, le son simple d'un frottement, chaque molécule est une vie, dont elle saisit sans le vouloir, une nuance, une trace anodine, sa perception n'est pas le liquide d'un taxidermiste, la liqueur de l'adulte, c'est un voile fin qui laisse passer le monde.

 Le couloir de pierres blanches où nous pénétrons est peu lumineux. Pas de fenêtres seulement un mystérieux halo qui s'écoule en petits plis de neige sur sa piste. Je me faufile avec prudence au milieu des nombreuses étagères de fioles, de mixtures et de décoctions aux fragrances et arômes inqualifiables. La question d'Effie m'interpelle et me tire de mes observations.

« Il y a quelqu'un que j'aime plus que tout. Je peine à y croire encore … »

 Nous sommes dans la demeure d'un médecin. Ça ne peut être qu'un signe. Ce corps enterré était vide, c'est ici que se niche la vie. Elsa est là, et m'attends, et me gronde tout bas, de me presser si lentement.

 J'avance vers une porte que me désigne Effie. Entrouverte, je me glisse à sa suite dans l'embrasure mais je m'arrête une seconde parcouru d'un frisson. Je vois l'espace d'un clignement une ombre passer.

Ne te leurre pas, le soir ne rend rien.

 Le coquillage se fendille dans ma main et s'écoule en une petite poussière rose pâle.  Quel était ce murmure ? Il me cisaille le thorax, petites aiguilles d'angoisse, dans la pelote du cœur. Effie est déjà dans la salle mais je reste sur le pas, tremblotant comme un petit garçon.

 Les éclats de lumière virent au vert sinistre. Des silhouettes enfantines filent entre mes jambes et des rires rebondissent et ricochent, joyeux à en pleurer. Ils jouent seuls, petite communauté d'abandonnés.

Tu es aveugle et sourd.
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l'Esquisse
L’espoir dans la voix du capitaine me fait sourire brièvement. Le couloir dans lequel je l’entraîne est étrange. Un mélange de joies, dans les rires d’enfants invisibles, et de peines contenues. Les lueurs verdâtres altèrent mon humeur et mon pas se fait moins dansant. Un morceau de papier au mur attire mon attention. Un dessin d’enfant aux traits maladroits. Des personnages bâtons aux yeux en points, et leurs noms au dessus. Al, Leighan, nos parents… Et moi au milieu. Qui aurait bien pu dessiner ça ? J’ai un regard vers mon acolyte, mais je doute qu’il connaisse la réponse, il semble déjà bien perdu, son guide devenu poussière dans sa grosse pogne. Je la prends doucement, cette vieille main calleuse, l’entraînant avec moi vers la porte auréolée des lucioles. Continuer. Encore un peu.

La salle suivante est plus sombre encore. Des armoires en fer froid, des étagères sur roulettes, remplies d’appareils inconnus. Pendant du plafond, deux demi cercles projetant une lumière dure, blanche, sur une table métallique. Sur la bulle de verre, posée au milieu. Et sur sa prisonnière. Elle nous tourne le dos, repliée sur elle même dans un lit blanc qu’on ne voit qu’en partie, les épaules secouées de tremblements.

« Elle est… Seule. Si Seule. Comment ont-ils pu la laisser derrière eux ? Les enfants doivent toujours être Aimés. Protégés. Sinon, à quoi ça sert d’en avoir ?! Ils ont rien demandé d’autre ! »

Ses sanglots sont devenus miens. Les larmes coulent sur mes joues, brouillant ma vue, je ne sais même pas comment. Pourquoi je me sens si triste pour cette enfant, moi qui en ai vu défiler tant d’autres ? Parce que les autres avaient leurs parents, mes neveux, nièces, frères et sœurs, générations après générations, veillant sur eux. Ils m’avaient moi, comme j’avais Maman. Mais cette petiote, elle n’a personne. Juste une blouse, semblable à celle que je portais en me réveillant dans l’Esquisse, qu’elle trempe de larmes. Elle est Seule, je le ressens dans tout mon corps, et sa solitude me frappe comme une lame en plein cœur.
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 Elle pleure cette  petite fille. On a éventré la chair de son cœur puis on a tiré sur les extrémités pour le laisser béant. On l'a enfermée dans une bulle de savon, pour qu'elle s'étouffe dans sa propre salive, sevrée de tout, emprisonnée comme les fous.

 Si Effie ne tenait pas ma main d'homme, ma paluche d'ours, je m'effondrerais  en misérables tessons. Mais sa menotte me grave dans la peau, les nerfs et les os, la solitude de l'enfant laissé sans la chaleur d'un regard …  Il n'y a pas de vie sans amour content les chansons niaises le soir sur le port à ceux qui y croient encore, mais les enfants se figent et meurent, quand sur eux plus aucun souffle chaud ne se pose lorsque la nuit tombe.

 « Effie … Il y a de ma fille, Anna, dans cet ara blessé. Je ne peux te l'expliquer logiquement, c'est une sensation. Je l'ai laissée. J'ai couru après sa mère que j'ai pourtant enterrée. Je ne voulais pas voir le sable que j'ai porté sur ses traits, le bois dont j'ai entouré sa dépouille, la croix qui a confirmé son départ … J'ai scellé ma raison et me suis fermé à ses mots à travers une bulle de verre identique. Il est temps de la briser. »

 Je m'approche de la prisonnière. Mes paumes sur la paroi, je sanglote avec elle des larmes pourpres. Elles sont douloureuses et précieuses, tels les rubis de sa mère. De nos plaies se forme une clef. Au fond de la pièce, une porte d'où l'on sent les embruns. Effie me saisit par la taille. Elle aussi est une enfant délaissée. Je la serre, tout doux, dans mes bras. Mes mots sont secs et abscons alors de toutes les fibres de mon être, je tâche de lui transmettre  une chaleur à faire ressurgir. De derrière son oreille, je tire un coquillage ; en parfait état.

 Je rentre et laisse Effie. Je ne peux l'aider pour ce qui lui reste à faire.

La nuit est la même qu'au début. J'allonge le pas pour rejoindre Anna.
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l'Esquisse

Nos larmes se mêlent, mes sanglots portant ceux de l’enfant-bulle. La grande main du marin se resserre sur la mienne, l’émotion altérant sa voix quand il parle, mais je ne comprends pas, alors que j’essuie mes yeux de ma main comme l’enfant que je n’ai jamais cessé d’être. Anna ? Non, c’est Ara, dans cette bulle. Je sais ce nom comme je sais le mien, une certitude ancrée dans mon âme. Sa fille a besoin de lui. Ca, je l’entends. Les enfants ont besoin de leurs parents. Mais celle qui pleure devant nous, alors ?

Je renifle disgracieusement, tandis qu’il me lâche et va poser ses deux grands battoirs sur la bulle. Il pleure pour elle, pour sa femme peut-être, et ses larmes prennent la forme d’une clef, comme s’il se délivrait par là même de sa peine. Est-ce un sourire que je vois sur les lèvres de l’adolescente ? Un apaisement pour elle ? Avant qu’il ne parte rejoindre sa fille, mue par une intuition, je referme mes bras sur sa taille, cherchant un peu de réconfort et de courage dans ce contact. Quand il me lâche, c’est en me tendant un coquillage que je croyais détruit.

Seule avec l’adolescente, je promène mon regard sur cette pièce toujours aussi sombre. Je ne veux pas rester ici. Mais je ne veux pas la laisser seule.  Si tu tends l'oreille, tu peux entendre la mer. Je porte le coquillage à mon oreille. Ce n’est pas la mer que j’entends, mais une voix cassée, affaiblie.

« Je ne peux pas sortir d’ici. Toi, tu peux. »

Moi je peux, oui. Avec précautions, j’essaie d’attraper la prison de verre pour la pousser avec moi vers cette autre porte qui s’est ouverte, derrière laquelle je sais pouvoir retrouver l’Esquisse, la vraie, le laboratoire. Sous mes mains la bulle diminue, jusqu’à la taille d’un poing que je prends avec précaution contre mon coeur pour franchir la porte. Le coquillage se brise lorsque je la passe, et les mots qu’il contenaient se perdent dans le vent.

« Vis encore un peu pour moi. »


The End

Merci pour cette épreuve!
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