Nano. RolePlay

Rappel du premier message :




Comme souvent l'orc s'était retrouvé dans une taverne à la suite d'un contrat, le vin y avait coulé à flot, et les aventuriers raconté leurs exploits en les exagérant souvent. Certains, aisdés par la boisson, partagèrent aussi leurs bons plans.

C'est comme ça que le lendemain Asbjorn se retrouva à attendre d'être reçu pour un entretient d'embauche où il n'avait clairement pas le profil type... On lui avait dit que le salaire valait autant le détour que l'employeuse...

Au prochain carrefour commercial.

La jeune femme semblait sûre d'elle, et pas le moins du monde perdue.

Que tu connaisses ou non le chemin importe peu. Sa démarche n'était pas lente, et elle n'avait aucun mal à suivre le rythme de l'orc, fut-il hasardeux ou décidé. Elle lui sourit, avec un petit air mutin qui adoucissait son visage. Ne t'ai-je pas dit te payer en temps et en heures ? Tu ne devrais pas te soucier du temps que ça prendra.

Se soucier du temps ? Pas vraiment, c'était plus dans l'idée d'éviter les routes à problème... Un employeur mort payait rarement bien. Aussi il préférait la garder en vie.

"D'accord." dit il en prenant le pas le plus lent qui lui était permis de prendre sans passer pour un idiot.

Pas que l'elfe eut tôt fait de dépasser, prenant trop d'avance sur l'orc pour ne pas finir par se retourner.

N'exagère pas... Je tiens quand même à arriver avant le solstice... !

Se replaçant à sa hauteur, la réprimande ne fit pas long feu devant sa joyeuse constatation.

Tu es plutôt malin, pour un orc.

Évidemment, quand il recevait un compliment il s'attendait à ce qu'il soit suivi de quelque sarcasme sur sa race. 'Tu es plutôt beau pour un orc', 'tu sens bon pour un orc', la liste était sans fin.

"Et en plus je sens bon, tu as une de ces chances que d'avoir trouvé un garde du corps si charmant !"

Si l'expression employée portait à confusion, l'elfe en semblait inconsciente, le sarcasme absent de ses intentions. Car elle continua sur le même ton, sans aucune nuance d'ironie.

Absolument ! J'ai vraiment de la chance d'être tombée sur toi !

Accoutumé à la moquerie l'orc n'en fit pas tout un parmesan. Il se contenta d'hocher la tête. La route ne fut pas parsemée d'embûches, mais bientôt la nuit se profila.

"Est-ce qu'on s'arrête ou est-ce que tu veux continuer jusqu'à la prochaine auberge ?"

Si l'elfe s'était rendu compte de sa maladresse, elle n'en montra rien... à moins qu'elle ne sache pas comment se rattraper. Elle meublait parfois le silence mais celui-ci aurait pu devenir pesant si le soir n'avait fini par arriver, et avec lui une occasion de relancer le dialogue.

C'est calme... Tu sais chasser ?

Elle paraissait décidément beaucoup trop enthousiaste.

"Oui."

Visiblement elle n'avait pas prévu de provisions, pas de lambas dans ses bagages. Sa viande séchée ne les nourrirais pas tous les deux.

"Tu sais monter un campement ?"

Je... Son regard se fit vague, un instant. Je sais faire du feu ! Récolter du bois, faire un foyer, nourrir les flammes... Je connais quelques plantes comestibles, aussi !

La grande aventure quoi.

"Et bien fait ça pendant que je nous attrape un truc à manger. "

Vous savez ce que dit le dicton : elfe qui cueille, n'est pas dans tes pattes. Voilà donc notre orc qui s'éloigne assez pour retrouver quelques proies mais pas assez pour ne pas pouvoir accourir si la belle se retrouve en difficulté. Il pose quelques collets, histoire de gagner du temps le lendemain et revient rapidement avec deux gros rongeurs pour le dîner.

L'orc retrouva l'elfe soufflant sur les braises d'un mignon petit foyer. Elle avait même préparé une broche et partagé les baies qu'elle avait cueillies. Elle n'avait rencontré aucune encombre si ce n'étaient quelques griffures sur ses mains délicates. Dans sa position, sa jupe dévoilait une large fente : ce qu'elle portait s'apparentait malgré les apparences plus à une tenue de voyage qu'une robe de bal.

Bon elle n'était pas morte quand il la rejoint, c'était déjà ça ! Il avait même eu la galanterie de vider et dépecer les rongeurs avant de ramener ses miches. D'ailleurs en parlant de miches, celles de l'elfe se devinaient grandement au bout de cette immense fente. Sa jupe s'apparentait plus à un hakama finalement, mais ce n'était pas ce détail qui attirait l'orc à qui il fallut beaucoup de volonté pour se soustraire à la vue.

Il ne parla pas, il se contenta d'embrocher les rongeurs sur le bout de bois prévu à cet effet.

Elle se redressa finalement, quand les flammes furent assez grandes pour que la viande puisse y cuire. Elle accueillit le retour de son compagnon de voyage d'un grand sourire, observant ses prises alors qu'il commençait à les faire tourner au dessus du feu.

La chasse fut bonne on dirait.

"Rapide." corrigea-t-il.

Bonne cela aurait signifié ramener une bestiole au goût raffiné, là c'était plus... rat finé. Entre le gros rat et le ragondin, à n'en pas douter ce serait mangeable, savoureux ce serait une autre paire de manche. Il avait une bouse d'épices dans ses affaires, en théorie certaines soignaient, en pratique, elles rendaient tout mangeable. Il en saupoudra la viande.

"Et du coup pourquoi tu vas aux prochain carrefour commercial ?" essayait-il de lancer la conversation ?

L'apparence de la viande, écureuil, lapin ou rat, ne semblait nullement dégoûter l'elfe - ou elle le cachait bien. Toujours positive, elle ne put pourtant retenir un petit toussotement à la question.

Oui, ma -hm- famille voudrait créer de nouvelles relations.

Le naturel de sa réponse rendait le mensonge évident même pour un imbécile. Ce que l'orc n'était assurément pas.

"Ah."

Le mensonge n'était pas forcément un défaut pour l'orc, il comprenait qu'elle ne voulait pas parler de ses affaires. C'était le cas de beaucoup de clients, mais il ne savait pas trop faire la conversation. Il se contenta de retourner la viande embrochée.

"Tu as beaucoup de famille ?"

Non sérieux, il allait finir par se taire ça vaudrait mieux.

Non.

L'elfe se laissa tomber, sans égard pour sa jupe et le courant d'air qui la souleva dans sa chute. Visiblement elle ne croyait pas à son propre mensonge. Malgré son sourire, sa tentative pour se convaincre elle-même avait lamentablement échoué.

Je veux juste voyager. La destination importe peu.

Elle avait placé ses doigts sous ses yeux, effort inutile pour empêcher les larmes qui menaçaient de venir gâcher son maquillage.

"Tu fuies quelque-chose ?"

La réponse avait été plus sincère, et la question suivante avait aussi plus de profondeur. Ce n'était pourtant pas une question à poser entre le fromage et le dessert, comme si l'on parlait de la pluie des beau temps. C'était pourtant exactement ce qu'il venait de faire.

Je... ne sais pas exactement.

Finalement les larmes n'avaient pas coulé, et la demoiselle tentait de reprendre contenance. Elle avait posé ses mains sur ses genoux, et légèrement détourné la tête. Elle finit par regarder à nouveau l'orc, esquissant un sourire, signant discrètement le retour de son exubérance.

J'étais sincère, tu sais, quand je disais être contente de voyager avec toi.

"D'accord."

Ok Asbjörn n'a pas la moindre idée de ce qu'on doit fair quand on fait pleurer une fille. Il n'a pas la moindre idée non plus de quoi dire présentement. L'étalage de sentiments c'est super compliqué. Il ne sait pas gérer. Il tourne à nouveau la broche en silence. Se taire c'est bien.

Je sais, je suis seulement celle qui te paie...

Le ton désabusé n'avait étrangement pas réussi à entamer la sincérité de son sourire.

Est-ce que je peux t'aider ?

Le bruit de déchirure lorsqu'elle se releva précéda une nouvelle chute pas contrôlée du tout, et elle dût se rattraper aux épaules de l'orc pour ne pas aggraver son cas.

Flûte !

Ouai celle qui le paie, ou un truc du style. Franchement, faut pas penser à autre chose. Faut être profession... Merde ! Azy être professionnel quand t'as une belle femme qui te tombe littéralement dans les bras... C'est chaud.

"Tu n'as rien ?"

Parler de la pluie et du beau temps c'est un bon bail. Tu t'y tiendras la prochaine fois !

Moi, ça va.

Le ton était beaucoup trop guilleret pour la chute qu'elle venait de faire. Pourtant elle continua sur le même ton, sans même chercher à retenir son éclat de rire.

Ma robe, c'est autre chose !

"Tu as autre-chose à te mettre ?"

L'étendue des dégâts n'était pas si étendue... Pour qui aimait les courants d'airs !

Son rire se tarit devant cette nouvelle problématique.

Je... normalement oui.

Elle s'empressa de rejoindre son sac, montrant son dos - et autre chose - à l'orc alors qu'elle fouillait à l'intérieur.

Ou pas... ! Toujours enjoué, son rire devint un peu plus nerveux. Quelle sotte.