Nano. RolePlay

Moscou, 1894

Les pas d'Elisabeth se faisaient rapides dans les rues de Moscou. La neige crissait sous ses pieds tandis qu'elle se hâtait pour aller poser une de ses petites pierres dans la chapelle qui lui était attribuée. Pas de temps à perdre, sa prochaine mission était attribuée et elle devait garder à l'œil la construction de la nouvelle cathédrale.

Ses cheveux noirs étaient attachés dans un chignon simple, pas de maquillage. Les mains dans une robe a manches longues tout aussi noire de ses cheveux. Elle se fondait dans le décor, attirant à peine l'attention.

La fin d'année annonçaient un hiver rude. Les volontaires s'activaient sous la neige pour finir les travaux avant la nouvelle année tandis que le milicien, chargé de les protéger des démons, grelotait de froid. Sacrée ironie lorsque l'on savait que l'agent Bounine, le milicien sus-nommé, cachait son côté démoniaque depuis plusieurs mois déjà. Le phénomène était pour l'instant sous contrôle. Le jeune homme arrivait même à rétracter ses plumes blanches quand il se concentrait.

Les yeux sondant la foule toujours à la recherche de mouvements suspects. D'un bout d'écaille, d'un poil, d'une plume... Son chemin vers la chapelle fut interrompu quand elle vit une petite plume de duvet sur le coup d'un milicien. Là, au-dessus du col. Cela pouvait venir d'un édredon en oie, mais non, il lui fallait vérifier. La chapelle attendrait malheureusement, car son devoir divin l'attendait. Ses yeux fixés sur la plume, elle se mit a le suivre discrètement.

Le milicien effectuait son tour de ronde mais il nota au bout d'un moment qu'une personne marchait beaucoup sans s'être arrêtée. Il stoppa son cheval et attendit de la voir dépasser pour la suivre. Il sentait les plumes sur ses bras se hérisser, sans doute à cause d'un mauvais pressentiment. Avec un soupir, il retira les plumes, même celles bien dissimulées sous ses vêtements.

Il avait arrêté son cheval... Peut-être s'était-elle fait remarquer ? Ses pas continuèrent dans la neige, le dépassant. Elle haïssait de tourner le dos aux démons, ils pouvaient attaquer a n'importe quel moment! Ses yeux suivaient les reflets des vitres pour continuer à le garder en visuel. Petit à petit, elle s'éloignait pour des endroits moins fréquentés. Espérant qu'il la suive.

Cette personne était une femme. elle semblait ordinaire au premier abord, cheveux noirs, peau pâle, visage commun, vêtements neutres. Elle semble faire du lèche-vitrine dans la rue en face de la cathédrale en construction. Le milicien poursuit sa ronde vers les endroits fréquentés et s'éloigne donc de cette silhouette qui lui aurait bien fait peur. Il devenait vraiment parano, il devait quitter cette ville, cette vie au plus tôt.

Il la lâchait... La traque s'annonçait déjà longue. Le milicien l'avait déjà remarquée une fois donc il fallait se montrer doublement plus prudente. Ses pas continuaient à le suivre au loin, restant dans des coins de ruelles, se fondant dans la foule. Les mains enfouient dans sa robe, elle grattait le pommeau de son pistolet et celui de sa dague. Peut-être fallait-il attendre qu'il finisse son service... Qu'il rentre...

À quelques mètres du milicien, deux ouvriers s'échauffaient la voix. Le ton monta jusqu'à l'arrivée du milicien. Max calma le jeu, se fit menaçant de derrière ses lunettes noires. Les badauds se dispersèrent ensuite. Le cavalier poursuivit son chemin.

Elisabeth n'arrivait pas à comprendre comment la milice pouvait être aussi peu regardante. Laisser des démons rentrer dans leurs rangs ? Étaient ils profondément corrompus ? Son cœur rata un battement quand il arrêta la dispute et reprit sa route. Que faire pour l'éloigner du monde ? Elle n'était pas pressée... L'impatience n'était pas une vertu.

Un enfant couru juste à côté des sabots de Fumée, son étalon noir. Le jeune homme arrêta son cheval puis l'opportun. Du moins, il essaya. Si l'animal lui obéit, l'enfant prit peur et couru encore plus vite. Mais le milicien n'allait pas le poursuivre, ce n'était qu'un enfant, indigne d'intérêt tant qu'il ne s'attaquait pas volontairement à son cheval. D'ailleurs, déjà avant la révélation de sa vraie nature, Maksim n'aimait pas punir les enfants, même avérés zootropes.

Un enfant qui court vers son cheval. Est-ce que le cheval était aussi un zootrope ? Surement, il s'en servait de couverture ou du moins était de mèche avec le démon. Il faudrait qu'elle s'en occupe aussi, au moins par bonne conscience. La nuit commençait doucement à tomber. Il faudrait éviter le couvre-feu pour pouvoir avoir celui-là.

Fumée était un bon étalon. Il était de race karbadin, ce qui impliquait qu'il était plutôt placide pour un cheval de sang chaud. C'était très utile en cohue d'avoir une monture qui ne cabre pas à la moindre surprise. Le milicien rentra au camp. Il passa la garde sans souci. Sa journée n'était pas finie puisqu'il y avait encore une mission à accomplir, apprit-il. Un nid de zootropes était suspecté dans un immeuble abandonné.

La guide le suivit jusqu'au camp. Maintenant qu'il était dedans, il fallait attendre... Ses mains se portèrent à sa bouche pour souffler doucement dedans afin d'y apporter un peu de chaleur. Surement, qu'il allait rentrer chez lui après... Elle trépignait pour l'attendre. Il existait d'autres sorties et peut être qu'elle le perdrait de vue. Au pire, elle reviendrait demain pour continuer a le traquer.

Maksim sortit par la même porte, détail totalement anodin pour lui. Il vit un visage familier en sortant, c'était une inconnue aperçue plus tôt près de la cathédrale. Est-ce qu'elle le suivait. Maksim se décala légèrement pour se rapprocher d'elle…

Ok, il se rapproche d'elle. Ses mains toujours contre sa bouche, elle avance de quelques pas. Parler à un démon n'était souvent pas la bonne solution... Elle se laverait de ce qu'elle allait dire un peu plus tard simplement.

- Bonsoir ?

"Je peux vous aider, madame ?" dit-il d'un ton qui pouvait être interprété comme sincère ou "z'avez fini de me regarder ?".
Petit secret : la seconde option est la bonne.

- Je voulais toucher votre cheval.

C'était direct. Pas de merci, ni plus que ça. Elle ne semblait pas non plus dérangée qu'un milicien l'interpelle. Elle ne voulait pas vraiment mentir en disant qu'elle voulait voir son cheval. Après tout, il fallait s'assurer que ce soit un zootrope. Cependant, elle resta quand même à une distance respectable du démon, une main sur son couteau.

Maksim ne comprenait pas ce que la femme voulait sous-entendre là-dedans. Est-ce qu'elle le draguait ? Il n'était pas question qu'une étrangère touche un poil noir de Fumée.
"Veuillez circuler, madame. Rentrez chez vous, même !"
Et lui rentra dans le rang.

Ouff... Dans le fond, Elisabeth fut soulagée de ne pas avoir à faire semblant de caresser un potentiel Démon. Elle fut surprise de la réaction du milicien. Non, elle n'allait pas rentrer, mais plutôt le traquer toute la nuit s'il fallait. Elle fit mine de partir, elle trouverait bien une échelle de service pour le suivre via les toits.

La troupe continuait son périple dans les rues enneigées de Moscou. L'agent Bounine ne pensait déjà plus à la femme qui semblait le suivre (et avoir le béguin pour lui ?). Ils arrivèrent finalement à l'immeuble suspect. Celui-ci était particulièrement délabré et Maksim avait un mauvais pressentiment. Subrepticement, ils descendirent de cheval et encerclèrent le bâtiment. Maksim fut envoyé en reconnaissance côté Nord. Il observait l'intérieur par le biais d'une fenêtre sale.

Ils étaient beaucoup et se rendaient sur un site abandonné. Ce serait plus simple sans témoin. Elisabeth observait avec un œil inquisiteur Maksim se détacher du groupe. Elle descendit du bâtiment via un escalier de service. Le milicien tournait le dos ce qui laissait sûrement une grande ouverture pour tuer un démon. Ses pas s'approchèrent silencieusement tandis qu'elle sortait sa dague.

Maksim voyait des silhouettes à travers le verre. Il les compta et scruta la moindre arme, le moindre signe animalier. Ils étaient quatre et sous leur forme humaine, en train de discuter. Il retourna sur ses pas pour donner son rapport à son sergent.

Ok, s'était le moment ! Avant qu'il ne retourne dans la masse de la milice. Ses pas se firent un peu plus rapide dans la neige tandis qu'elle agrippa fermement son couteau. Elle voulait lui planter un premier coup entre les cotes. Une main vint enserrer les lèvres du milicien pour qu'il ne fasse pas de bruit face au coup.

Maksim avait vu la femme approcher et il tiquait. Qu'est-ce qu'un civil ferait ici ? Rien de bon ! Elle s'approcha et ses gestes confirmèrent son impression. Il sortit sa dague pour riposter face à ce démon présumé et ennemie confirmée. Il visa la main armée, quitte à couper des doigts.

Il l'avait remarquée ! Elle expirait plus tard ce manque de patience et de furtivité, l'heure était au combat. La main n'ayant pas pu l'attraper se fourra dans sa robe pour attraper un deuxième couteau tandis qu'elle recula de quelques pas, évitant de peu de perdre quelques doigts.