Rappel du premier message :



Regardant avec inquiétude la jauge du kérosène se vider à une vitesse alarmante, Eir craignait  de devoir se poser en pleine toundra russe où elle devrait attendre pendant de longues heures la moindre aide. Ce n'était pas normal  que son kérosène se vide comme si  son avion était chargé ! Il y avait encore de longues heures de vols avant de pouvoir se poser sur les pistes aplanies de l'aérodrome de Moscou.  Elle essaya de se rappeler s'il y avait une escale possible sur la liaison Moscou-Tomsk qui lui permettrait de se poser pour réparer le coucou. Elle ne s'en souvenait pas alors....

Il fallait un peu plus de  quatre heures et survoler une distance de  deux mille huits cents soixante-seize kilomètres peu importe le nombre d'escales qu'elle ferait. Si elle calculait correctement la consommation de kérosène  et à en juger par ce qui lui restait, elle pouvait le faire !  Les contours de la ville de Moscou puis la piste aplanie indiqué par les signaux  la rassurèrent et allégèrent son fardeau. C'était juste. Une inquiétude de moins !

Elle se  posa sur la piste sans accroc  et, dès que l'appareil eut cessé de bouger,  se mit debout pour crier aux techniciens  qu'elle avait eu un souci en vol, une consommation anormale de kérosène. Se penchant ensuite pour récupérer la besace contenant les lettres et ses deux bouteilles de vins ; elle bondit sur l'aile droite de son coucou.

Le groos soupir que lâche Eir est celui de la personne qui espérait se détendre après avoir volé aussi longtemps et fait les courses pour nourrir chien et enfant. Elle n'avait envie de faire plus qu'elle avait déjà fait et l'argument du chien resté coincé toute la journée ne marchait pas contre elle. Non, pas tout de suite, je prends mon bain et je fais ma sieste , déclara Eir avant de jeter un regard à Anou. Aurais-tu envie de prendre un bain ? Héhé !

Oh... dommage... elle aurait voulu voir le parc. Mais Madame Eir semblait bien fatiguée et elle avait été suffisamment pas sage pour le mois. Et puis, Anoushka commençait à sentir le sommeil venir, maintenant qu'elle y pensait. "D'accord pour le bain... Soba aussi ? L'est tout sale. Mais faut le sécher après. Sinon y peut prendre froid."

Il va surtout sentir petite ! , déclara Eir en poussant la porte de la salle de bain qui se révéla être également une buanderie. Nous d'abord., insista-t-elle, ne souhaitant pas passer après un chien dans le bain. La pilote se servit de deux serviettes savamment pliées et les posa près du bain avant de commencer à le faire couler. Une étape importante pour profiter de ce plaisir. Le son de l'écoulement de l'eau en cascade résonna alors dans l'appartement tandis qu'Eir choisissait de vérifier la température.

Anoushka était trop fatiguée pour batailler : tant que Sobaka aurait droit au bain, qu'importe qu'il passe après. Elles n'auront qu'à réutiliser l'eau de leur passage. L'enfant réussit à se déshabiller toute seule et même à plier (maladroitement) ses vêtements ! Elle en fredonnait de fierté.... avant de voûter les épaules, ayant subitement pensé à l'air ravi que cela aurait tiré à Baboula. Elle voulait rentrer !

Oh ! Ne tire pas cette tête, voyons ! , lança Eir après s'être déshabillé prestement puis plié ces vêtements qu'elle dépose dans la buanderie. Pense à la sensation de l'eau chaude et aux bulles de savon que tu pourras éclater ! La pilote retourna vérifier la chaleur de l'eau pendant que le bain commençait à se remplir. Touche l'eau et dis-moi si elle te convient.

"Mmmh..." Mais elle voulait éclater les bulles de savon avec Baboula, pas ici ! Cette morosité lui paressait étrange. Elle n'avait jamais rien ressenti de tel ! Moins intense que sa terreur devant sa zoothropie mais plus... ah ! Mais si, elle l'avait déjà ressenti : quand Papa et Mama n'étaient pas rentrés. Flûte ! Elle avait encore plus envie de pleurer ! Anoushka se secoua pour s'avancer vers le bain et tester l'eau. "Un peu chaude..."

Eir choisit de baisser la température du bain sur l'avis de la petite fille, mieux valait ne pas avoir de surprises plus chaudes. C'est ça que ça fait de s'occuper d'une petite soeur ? , se demanda à voix haute la pilote ce qu'elle pensait intérieurement. Puis, elle se rendit compte de ce qu'elle avait dit, tourna sa tête vers Anou et l'interrogea. ça ne te dérange pas ?

"Je ne sais pas, j'ai pas de soeur." répondit Anoushka qui croyait qu'elle s'adressait à elle. "Et ça ne me dérange pas. Z'êtes ni une baboula ni une maman, Madame Eir." Elle rit un peu à cette idée. La chaleur du bain commençait à la dérider.

Puisque cela ne semblait pas déranger la sauvageonne, autant la taquiner en l'appelant petite soeur.  Dans ce cas, petite soeur... et si on mettait à l'eau ensemble ? , dit  la pilote en la soulevant pour l'entrainer prudemment dans le bain avec elle. Tu veux que je te lave les cheveux ? La chaleur du contact de l'eau qui lui mordit les chevilles, puis les jambes lui fit du bien après un long voyage en avion. Quel soulagement.

Une fois dans l'eau, Anoushka sembla se ragaillardir et secoua la tête en souriant. "Nan, j'aime bien faire seule." Elle se fit même une couronne et une barbe de savon ! Quand l'eau commença à devenir froide, elle se rinça seule et sortit en trébuchant à moitié, attrapant une serviette au passage pour trottiner pieds nus vers son chien. "A Sobaka maintenant !!" Le chien était heureusement suffisamment bien élevés pour ne pas sauter dans la baignoire tant que Madame Eir y était ! Elle avait un peu oublié...

La couronne et la barbe de savon d'Anoushka plia en deux la pilote de rire. Ded Moroz !, se moqua-t-elle légèrement de la petite fille avant de se savonner à son tour (une fois le fou rire calmé). Eh ! Eh ! Je suis encore dans le bain petite soeur ! Eir se leva, se saisit d'une serviette laissée à portée de sa longueur de bras puis s'essuya debout dans le bas. Une fois terminé, elle tira ses jambes hors de l'eau. Il va falloir que tu portes des vêtements à moi en attendant que je puisse récupérer des neufs et laver ceux que tu as porté.

La fillette pencha la tête sur le côté. "Faut beaucoup les couper alors. Z'êtes bien plus grande qu'mwa, Madame Eir." Voyant qu'elle était sortie du bain, elle le pointa du doigt en souriant : "Allez, Sobaka ! Entre dedans !" A son ordre, le chien sauta tête la première dans l'eau, les aspergeant d'une petite vague, sous les rires de sa maîtresse qui entreprit aussitôt de frotter sa fourrure épaisse.

Se faisant asperger par un chien géant, Eir soupira (elle appréciait le retour de la joyeuse fillette) en continuant à se sécher avec la serviette.Prière de ne rien casser en le lavant. Elle s'habilla rapidement des nécessités puis chercha de quoi habiller la fillette ; un pantalon marron qu'elle se résolut à couper avec un ciseau, une corde pour faire tenir le tout, une chemise qui subit le même traitement. Voilà ! Essaye-les petite soeur !

Mais la petite soeur en question s'était pratiquement à nouveau immergée pour laver son chien. L'eau était devenue plus noire que claire... Anoushka rit en ouvrant le robinet pour se relaver les bras et se recula soudainement en attrapant la main de Madame Eir. "Grande Soeur ! Faut pas rester !" la prévint-elle en la tirant... juste avant que Sobaka saute de la baignoire en s'ébrouant.

La grande soeur soupira,  la petite fille  s'était empressée  de laver l'animal  sans  prendre le temps de s'habiller.  Elle tenait encore les vêtements raccourcis pour correspondre au mieux à la taille  de Anoushka quand elle  se fit tirer par le manche, suivi  des projections d'eau de la fourrure mouillée de Sobaka. Cela l'avait surprise ! Puis, elle s'enquit aussitôt de vérifier  si les frusques n'avaient pas été trop arrosées (sans se soucier de ses propres vêtements).

Anoushka avait bien trop l'habitude pour s'être laissée avoir. Elle tira la langue au chien qui ne comprenait pas spécialement leurs réactions et elle trottina vers lui pour jeter sur son dos une serviette. Après l'avoir frictionné une bonne dizaine de minutes, sans rien oublier - car même Sobaka pouvait prendre froid mouillé en hiver ! - Anoushka s'habilla, sans se soucier qu'il faudrait peut-être encore couper un peu les manches, et cacha un énorme bâillement derrière sa main.

Une fois rassurée quand au sort des vêtements, qui n'avaient pas tellement pris l'eau, Eir le tendit à sa petite soeur nouvellement gagnée. Cette dernière, après avoir frotté le poil de Sobaka avec une serviette jusqu'à que ce soit le plus sec. La pilote fut plus que surprise par la vitesse à laquelle Anoushka enfila la tenue ! C'est l'heure du dodo, dirait-t-on, petite soeur.

Elle hocha mécaniquement la tête en s'accrochant à Sobaka alors qu'un autre bâillement manqua de la faire chavirer. Trop fatiguée pour s'encombrer de gêne, Anoushka trébucha vers le lit et se lova sous les couvertures tandis que son chien se couchait au sol. "Bou'nuit." Elle s'endormit derechef, fatiguée de ses exploits.