Nano. RolePlay

Rappel du premier message :



Des années à chasser le moindre petit Mot de Chaleur, en vain de trouver le sésame de sa libération, tout en sentant la morsure glacée de Vistustaja s'enfoncer dans son Coeur de Feu. Des années à planer sans avancer, à viser un horizon qu'il ne pouvait que pointer des griffes sans jamais le frôler. Des années à pérorer qu'il humilierait son rival, sans le Pouvoir de se venger.

Et voilà que les mois devenaient plus fructueux que ces années d'errance à faire du surplace en tournant en rond dans l'immensité d'Heavensaw. Que l'Ääni soit loué ! Viholvärakuuna le Chante-Mage allait retrouver sa Splendeur ! L'horizon lui caressait désormais les écailles alors qu'il survolait ses nuages de la Flamboyance de ses écailles. Il n'y avait plus lieu de tergiverser ; la fin de Vistustaja se dévoilait à ses yeux, et il allait happer à pleine gueule la Puissance de la consommer. Avec délectation.

Porté par l'élan vengeur qui avait rougi de flammes sanguines ses yeux, à en manger l'onyx devenu un éclat tranchant, le dragon rugit en arrivant près de SON Mont Rouge. Le soleil s'enfuit rapidement se cacher derrière les montagnes tremblantes alors que les étoiles pâlissaient devant son Feu qui embrassait le ciel crépusculaire. Que Vistustaja soit prévenu : il allait venir pour lui !

Mais pour l'heure, il s'engouffra dans SA Montagne pour aller se lover dans son bain de lave et lancer son esprit dans le passé à la recherche de Zareehna.

Le dragon renifla bruyamment, résistant à l'envie de relâcher cette humaine si hautaine (vraiment, une amie de sa mère ?!). Il n'était que trop conscient de lui être redevable... et que la laisser mourir ici briserait un peu trop le Flux fragile du Temps, engendrant un Déséquilibre. Et il était Viholvärakuuna le Chante-Mage, par tous les Mots ! "Tu ne devrais pas asticoter un dragon quand il te tient au-dessus de la Fournaise du Monde, Grand Mestre Zareehna." dit-il avec un sourire un peu trop édenté.

« Et tu ne devrais pas profiter d’une position de force présumée pour asticoter une mage dont tu ne sais que peu, jeune Fier-à-bras », répondit la mage en question du tac au tac.

"Je ne présume de rien. Mon constat se base sur la Réalité que je Vois." Le dragon sonnait presque indifférent. "Cessons ces atermoiements chronophages." Pour montrer sa bonne volonté, il souleva la mage pour lui présenter la zone à la base de son encolure, la plus stable et la plus confortable zone de son corps en vol. Ses écailles frissonnaient de l'Impatience qui fouettait son sang.

Une moue dédaigneuse est la seule réponse que Zareehna daigna offrir au jeune dragon, mais elle ne se fit néanmoins pas prier pour s’installer sur son encolure plutôt que de pendouiller dans le vide comme un drap humide sur une corde à linge.

Viholvä ne savait trop ce que sa mère trouvait dans cette idée : peut-être un caractère suffisamment acerbe pour lui tenir tête, qui savait ? Il préféra donc ignorer l'humaine pour serpenter plus bas dans le gouffre rougeoyant, s'enfonçant de plus en plus profondément, pendant ce qui lui sembla durer des heures.

Et compte tenu de sa sensation du Temps, il devait s'en être écoulées bien plus !

La notion du temps de Zareehna était à peine meilleure que celle du dragon quand elle était focalisée sur un objectif, et ses talismans l’empêchaient également de souffrir de la faim ou de la soif, la privant d’un repère temporel de plus. Elle aurait donc été bien incapable de dire combien de temps leur progression dura, mais elle nota de nombreux points très intéressants au cours de leur périple. Elle devait une fière chandelle à ce voyageur temporel qui avait déjà sacrément avancé ses recherches… mais elle ne l’admettrait évidemment pas.

HRP:

Plus ils s'enfonçaient dans le gouffre, plus la lumière rougeoyante devenait étincelante et blanche et si éclatante que même les yeux d'un dragon devait s'en détourner. Viholvä en trompeta d'outrage... et délita un peu son corps-image au niveau de ses yeux pour pouvoir Voir par son Esprit et non pas ce Corps limité.

La beauté des lieux l'époustoufla tant qu'il marqua un arrêt pour s'en gorger l'Âme. Jamais plus, devina-t-il, malgré les millénaires qui lui restaient à vivre, ne verrait-il une telle Splendeur. Du moins le croyait-il à ce moment-là.

Il avait un Soleil niché dans le Coeur Brûlant du Monde.

Ah merde, si Zareehna était protégée contre la chaleur infernale, elle n’avait pas pensé à devoir se protéger les yeux contre une lumière aussi intense. Elle fut donc obligée de plisser et détourner les yeux, de peur de les calciner pour de bon. La découverte n’en était pas moins époustouflante, mais ne pas pouvoir en profiter pleinement était on ne peut plus frustrant. Elle prit note pour un prochain voyage.

Il n'y avait pas que la Lumière qui était éclatante, la Chaleur fusait de partout avec une Puissance qu'il n'avait que rarement vu... seulement imaginé en volant aussi haut qu'il le pouvait vers le Soleil.

Viholvä sentait ses écailles frémirent de cette Chaleur et devinait que même sa carapace de dragon aurait eu des séquelles sans la protection du talisman de Zareehna. Il ne pourrait pas s'approcher autant qu'il l'aurait souhaité avec son corps-image.

Le dragon se fit donc à voler horizontalement autour du Coeur Brûlant du Monde, attentif aux flux de l'Ääni. Et là... Là, il les vit. Les filaments espiègles des Mots de Pouvoir.

Fréquenter une chantemage de renom pendant un nombre d’années qu’elle ne calculait plus depuis longtemps avait donné à Zareehna quelques notions de cet art. Suffisamment en tout cas pour percevoir (faute de voir) au-delà de la très éblouissante lumière. Intéressant. Le jeune dragon n’avait donc pas fait le voyage pour rien.

Autour de la Brillance qui s'étalait dans son immensité au coeur du monde, des milliers de filaments colorés s'agitaient comme des renards espiègles et de joyeuses flammèches. Il y en avait dans tons de rouge, d'orange et d'ocre, et d'autres se déclinaient dans des teintes plus froides, et plus chaudes à la fois, allant du bleu électrique au violet profond de la nuit.

Les naseaux du dragon palpitaient d'un ardent désir. Enfin ! Il tenait enfin au bout de ses griffes sa vengeance contre Vistustaja et, surtout, par-dessus tout, le Savoir infini des Mots de Chaleur. Viholvärakuuna ouvrit la gueule et chanteparla sa puissante Magie.

La prochaine fois qu’elle reviendrait, il fallait vraiment qu’elle trouve un moyen de protéger ses yeux. Un bandeau semi-opaque ? Non, peu pratique. Des verres de couleur sombre ? Oui, cela lui permettrait déjà de voir plus, même si la couleur serait déformée. Elle devrait sans doute enchanter ces verres pour améliorer leur résistance, d’ailleurs. Pendant que le chantemage faisait son oeuvre, Zareehna préparait déjà le futur.

Un rugissement de triomphe ponctua le Chant. A mesure qu'il chantait, les Fils d'Ääni avaient convergé vers lui, le faisant briller tel une étoile.

Bien que pas chantemage elle-même, Zareehna reconnaissait les vers et le flux de magie caractéristique des lieurs de Mots. C’était parfaitement fascinant. Fascinant… mais elle commençait à avoir un peu chaud. Il ne lui fallut pas longtemps pour réaliser ce qu’il était en train de se passer : ça sentait le roussi, au propre comme au figuré. Elle attrapa un talisman à son poignet, du même type que celui qui avait capté l’attention d’une certaine chantemage il y a bien des années. « CA SUFFIT ! », tonna-t-elle plus fort que sa carrure ne laissait supposer. Des vagues d’énergie perturbatrice vinrent s’écraser sur les liens entre les Mots.

La Puissance des Mots de Chaleur déferlait en lui comme un tsunami constitué de lave incandescente. Le dragon ne s'était jamais senti aussi glorieux ; il irradiait de la Chaleur d'une Etoile. Une petite pensée lui fit remarquer que ses écailles grésillaient et que ses entrailles souffraient ; que même un dragon n'était pas un réceptacle suffisamment solide pour contenir la Chaleur du Soleil, soit-elle celui du Coeur de la Terre. Mais Viholvärakuuna était tellement accaparé par ce sentiment grisant de supériorité qu'il chassa cette pensée. Il ressentit alors l'entrave lancée contre son Pouvoir et rugit violemment en réponse à cet affront.

« Oh, gueule tout ce que tu veux, mais il est hors de question que tu te fasses exploser, et moi avec. » Et potentiellement toute une réaction en chaine sacrément désagréable pour le monde et le temps. Tout ça parce qu’il avait eu les yeux plus gros que le ventre.

Sous l'effet du sort de Zareehna, le tsunami décrut suffisamment pour que Viholvä retrouve un semblant de lucidité et ne soit plus un Fil comme un autre dans le Flux de l'Ääni. Mais le Chante-Mage était dépassé par l'ampleur du Pouvoir qu'il avait Lié à sa Puissance ; son prochain cri tint de l'agonie. Il comprenait désormais que s'il ne cessait pas son chantesort, il finirait broyé par la Puissance qu'il avait appelé. Et pire que tout, il mettrait en déroute l'Equilibre du monde. "NON !" hurla-t-il en s'agitant pour s'écarter du Flux ; en vain. "Dans quelle galère t'es-tu fourré, dragonnet idiot ?!" tonna une voix bien connue.

Il était un peu tard pour réaliser sa boulette. Zareehna n’eut toutefois pas le temps de verbaliser sa pensée, coupée dans son élan par une voix familière. Oh, une réunion de famille. « Il a voulu reproduire l’histoire du papillon qui se brûle les ailes à brûler trop près d’une chandelle, mais avec un dragon et une chandelle un peu plus grande. » Dit comme ça, on en oublierait presque qu’elle-même était aussi en train de brûler et qu’elle était celle qui avait amené le dragon-papillon jusqu’à la chandelle géante. « Bonjour, d’ailleurs. »

"Zareehna." Le Nom claqua dans la Voix aussi glaciale et en même temps enflammée de la dragonne qui s'incarna subitement dans un immense corps-image étincelant de blancheur dans la fournaise qui les entourait. "Mère..." croassa péniblement Viholvä mais il fut ignoré par sa génitrice qui n'avait d'yeux que pour la Grande Mestre. "Et ta détestable amulette. Je dois m'incliner : elle se sera finalement avérée utile." La dragonne tourna enfin son attention sur son fils qui se recroquevilla instinctivement devant son regard furibond. "Reprends-toi, écervelé ! Tu es en train de te détruire toi-même, et déséquilibrer le monde un peu plus."

« Je n’ai pas l’habitude de créer des choses inutiles », répliqua la mage du tac-au-tac. Qu’elle se permettre de répondre ainsi à la dragonne en disait d’ailleurs long sur leur relation. Elle regarda sans ciller alors que la chantemage tournait son attention toujours aussi chaleureuse et bienveillante vers son fils.

L'indifférence dont fit preuve sa mère à son égard lui parut soudainement insoutenable. Comme un affront qu'il n'avait que trop supporté, et plus une seconde de plus. Le dragon rugit si fort que les parois environnantes craquèrent sous la force de la lave qui en jaillit, comme ses écailles les plus fragiles. Même le corps-image de Valkulohikäärme vacilla et sa blancheur se noircit ; il y eut dans le silence les rires des Hiisi, appelés par leur Maître. "Cesse donc, mon fils !" gronda la dragonne dont les yeux brillaient d'un éclat dangereux. "Avant qu'un autre Chante-Mage moins disposé à ton encontre n'arrive en ces lieux de folie."

Non mais il était en pleine crise d’ado ce juvénile ? Super, ça lui apprendrait à emmener des jeunes dans ces expéditions. Et bon, mine de rien, ça chauffait de plus en plus et elle ne tenait pas franchement à découvrir par la méthode empirique quelle était la limite de résistance de ses talismans. Elle commençait même à envisager de tenter de sauter sur la dragonne nouvellement arrivée pour échapper à la chaleur, mais elle soupçonnait que celle-ci pourrait très mal le prendre… donc mauvaise idée. Ou en tout cas à n’utiliser qu’en dernier recours.

Sous l'effet de l'accumulation combinée de Chaleur et de Rage, les écailles du dragon se craquelèrent davantage et, sous les rires des Hiisi, noircirent dans la couleur du charbon brisée ci et là par l'incandescence de la lave en fusion. Il rugit à nouveau la Tempête qui agitait son esprit - égarement, colère, douleur, allégresse, pouvoir, inquiétude, puissance, perdition ; tout se mélangeait en une cacophonie qui lui engourdissait les sens. Mais alors, sa Voix s'étrangla dans un mélange de bile et de sang brûlant et il crachota des caillots carbonisés. Son Corps-Image se tordit alors que Viholvä reprenait conscience dans sa Réalité.

En plus de chauffer, v’la-t-y pas qu’il commençait à craquer de partout. Ca sentait vraiment pas bon tout ça. « C’est pas fini ce ciiiii… ! » La question de Zareehna se perdit dans un cri très peu digne d’une mage de son rang, alors qu’elle partait en chute libre pour la deuxième fois de cette expédition.

Viholvä haletait de douleur. L'air qui l'entourait était surchauffé et des écailles à moitié fondues gisaient autour de lui. Avec horreur, le dragon s'aperçut que de longues stries noires serpentaient sur ses pattes, et la totalité de son corps, et que du sang bouillant s'échappait ici et là. Ce qui l'affectait dans sa volvä commençait à l'affecter dans sa Réalité.

Et ce fut alors qu'il se raccrochait aux fils d'Ääni que l'ampleur du Désastre qu'il fomentait lui apparut : il s'était Lié aux Hiisi et leur déséquilibre. "Non !" Refusant de se laisser corrompre, le dragon replongea vers sa volvä, et Zareehna en détresse.