Rappel du premier message :

CONTRAT DE NOT'RP !

- Statut du RP : privé
- Type de RP : Flashback, il y a 6 ans (Viktor a 10 ans, Natacha 8 ans, Dima est plus jeune aussi CQFD)
- Tour de jeu : -
- Délai maximum d'attente de réponse : 6 jours
- Sauts de tours : -
- Autre : Âmes sensibles, faites demi-tour (non, je blague, Dima sera gentil)

Cette fois, l'éclair était tombé vraiment prêt. Sous ses couvertures, Viktor frissonna. Cela faisait plusieurs heures qu'il aurait dû dormir, mais la pluie battant les fenêtres, les éclairs qui illuminaient la nuit, le grondement terrifiant du tonnerre et le froid, tout se liguait contre son sommeil.

Le petit garçon se rapprocha de sa sœur, en quête de chaleur. Ils avaient toujours partagé leur lit, comme leurs jeux et toutes leurs affaires. Natacha dormait sur le ventre, comme d'habitude. Enfin, Viktor ne pouvait pas être sûr qu'elle dormait, parce que sa tête était tournée du mauvais côté. Il se colla à elle, et sa main trouva instinctivement celle de sa soeur.

Lorsqu'un éclair de douleur traversa sa paume, il cria, la ramenant instinctivement contre sa poitrine. Il se redressa dans le lit, et ouvrit de grand yeux quand il remarqua le sang qui goûtait sur la couverture. Lorsqu'il releva la tête, Natacha s'était redressé elle aussi. Autour de son visage et sur son cou, la peau était recouverte de plumes.

Viktor cria à nouveau, plus fort. De surprise plus que de frayeur. Mais cela n'importait plus. La porte s'ouvrit sur leur père, alerte malgré l'heure. Le regard qu'il posa sur sa fille fit frissonner Viktor bien plus que l'orage ou le froid. Son père n'entra pas dans la chambre. Il fit demi-tour et Viktor l'entendit dévaler les escaliers, parler à sa mère puis claquer la porte d'entrée. Lui resta à regarder sa sœur dans les yeux, terrifié de ce qui allait immanquablement arriver.

Le prêtre hocha la tête. Les gens ne deviennent pas des démons par hasard... Ce sont d'autres démons qui les corrompent. Ou leur propre vilenie, même si dans le cas de ta sœur c'est impossible. Dima s'approcha. As-tu vu des gens bizarres autour de ta sœur? Des gens qui sortent peu de chez eux, qui parlent à voix basse et qui se taisent quand tu t'approche.

Viktor secoua la tête en claquant des dents. N...non... j'sais p...pas. Il préférait faire comme si c'était le prêtre qui posait toutes les questions et lui répondre à lui, regarder le milicien dans les yeux demandant un cran qu'il n'avait pas. Natacha, elle r...reste toujours avec Mama ou... avec moi, on l...la laisse jamais toute seule d...dehors.

Dima tourna la tête vers la porte menant au rez de chaussée. Dois-je comprendre que tu veux que j'aille interroger ta mère? Si tu n'es pas un démon, c'est peut-être elle... Ou ses fréquentations... Qu'est ce que tu en dis? A moins que tu ai une idée différente d'une personne qui aurait pu corrompre ta sœur bien entendu... La mère semblait un peu insipide, mais elle avait l'air d'avoir une jolie voix...

Un cri de panique, aigu et désespéré, sortit de la bouche de Viktor : Non ! Il aurait voulu se relever, défendre sa mère, mais avec quelle force ? Lui n'en avait aucune. Son regard vint à nouveau se poser sur le prêtre, suppliant : S'il vous plaît ! Il faut me croire, M-Mama a rien fait ! Le garçon força son cerveau à fonctionner, cherchant des arguments, n'importe quoi, mais aucune brillante idée ne lui vint.

Dima leva les yeux au ciel d'exaspération. Ce môme était tellement prévisible, et le regard de désapprobation du prêtre agaçait le milicien au plus haut point. Je te crois mon fils. Tu m'as l'air d'un garçon plein de charité et de force. Sans nul doute que ta mère t'as bien éduquée dans la lumière de Dieu. Par exemple je suis sur qu'elle n'oublie jamais de réciter le bénédicité... Le sarcasme était à peine voilé. Autant que le piège.

Viktor n'osa pas répondre au prêtre ou même le remercier, figé par le ton du milicien, si froid et dur que chaque mot sonnait comme une accusation. La remarque aurait pu être innocente, mais Viktor sentait confusément que ce n'était pas le cas. Il resta silencieux, et s'accrocha au lit pour se relever. Il crut que ses jambes tétanisées allaient refuser de le porter, mais elles tinrent bon. Une idée avait germée dans son esprit. Une idée qu'il devait absolument essayer.

Le milicien grogna une imprécation et fit valdinguer un meuble d'un coup de pied. J'ai connu des poissons capable de réciter des quantiques plus que ce mioche est à même de répondre. Nous n'en tirerons rien mon père, je crains qu'il faille l'emporter aussi, au cas où il serait également corrompu. Le Prêtre lui jeta un regard désapprobateur. Vous n'en ferez rien, ce garçon est pur. Sa lignée ne l'est pas!

Viktor sursauta quand le tabouret vola, perdant le fil de ses idées. Il suivit des yeux la bougie qui s'y trouvait avant et qui, éteinte, roulait, roulait... Jusqu'à ce que les mots du milicien le ramènent sur terre. Il cria un Non ! horrifié, mais il n'eut pas le temps de se défendre que des éclats de voix se faisaient entendre du couloir. Parmi les tons froids des miliciens, les accents colériques de sa mère étaient facilement identifiables. Laissez-moi passer. Mon fils est dans cette pièce.

Souriant intérieurement en entendant cette voix mais fit l'effort d'imiter une exaspération complète. A travers la porte il héla ses hommes dans l'escalier. Laissez là entrer. Il se tourna vers le prêtre. Allez voir le mari, mon Père. Je m'occupe de ces deux là. Devant l'air inquiet du prêtre à cette phrase il secoua la tête. Je ne ferais que leur poser des questions, mon Père. Pour le moment au moins. L'homme ouvrit la porte pour laisser sa place à la femme.

La mère de Viktor entra dans la pièce en trombe. Son soulagement était visible lorsque son regard, après avoir balayé la pièce et jaugé le milicien, s'arrêta sur son fils. Elle se précipita et Viktor se laissa entourer par ses bras puissants et son odeur réconfortante. Il essaya de retenir ses larmes pour ne pas qu'elle s'inquiète mais des sanglots déchirants lui échappaient malgré tous ses efforts. Pourquoi n'arrivait-il pas à être courageux ?

Le milicien avait refermé la porte après le départ du prêtre et s'était installé contre le mur, observant l'enfant et sa mère, se retenant pour ne pas sourire devant ces larmes qui coulaient à flots de plus en plus importants. Il prendrait d'autant plus de plaisir à les séparer pour les questionner après qu'elle ai commencé à le calmer. Histoire de provoquer encore plus de pleurs et de geignements. Il toussota pour rappeler à la mère qu'elle n'avait pas intérêt à l'ignorer.

Quand sa mère le détacha doucement de lui pour se tourner vers le milicien, Viktor parvint enfin à reprendre le contrôle de ses émotions. Bon sang, il était plus un bébé, il fallait qu'il arrête de pleurer ! Sauf vot'respect, monsieur, mon fils a rien fait, et il est pas zootrope. J'peux vous jurer sur la sainte vierge qu'on savait rien. Ma petite... Sa voix se brisa et elle inspira profondément. On est des bons chrétiens, monsieur.

Il pencha la tête sur le coté. C'est une idée intéressante... Vous n'en saviez rien pour votre fille... Cependant vous êtes pleine de certitudes pour votre fils... Auriez vous peut-être un moyen de savoir s'il est ou pas un démon? Il appuyait sur le mot, comme pour souligner le fait qu'elle ne l'utilisait pas. Il observait avec un plaisir intérieur la détresse dans les yeux de la femme.

On est des bons chrétiens, monsieur, répéta la femme en maîtrisant sa peur. Découvrir la zootropie de sa fille lui avait brisé le cœur, mais elle avait cru le père Yakov quand il lui avait dit qu'il n'y avait rien à faire. En revanche, elle ne laisserait pas la milice lui prendre aussi son aîné ! Dieu aurait pas permis ça, monsieur. On est des gens honnêtes. J'ai bien éduqué mes enfants. Le malin ne peut pas me prendre les deux. Suppliante, elle s'accrocha avec désespoir à ses arguments malhabiles, priant pour que le milicien soit convaincu.

Dima leva les yeux au ciel en venant poster son visage face à celui de la femme. Du peu que je sais du malin, j'ai tendance à croire qu'il préfère s'acharner sur ses victimes plutôt que faire preuve d'une quelquonque équité... Il se redressa d'un geste brusque, jetant un œil rapide à sa montre et un autre à la gamine en cage dans la rue. Bon. Il se fait tard. Et puisque visiblement vous en êtes si sure nous n'allons pas observer plus loin pour votre fils... Il planta son regard noir dans celui de la mère. Mais s'il devait s'avérer démon... Vous subirez le même sort que lui.

Viktor sentit les mains de sa mère se crisper douloureusement sur ses épaules et il se mordit les joues pour ne pas crier. Heureusement, le milicien recula au bout de quelques secondes et la poigne se détendit. Viktor sentit sa mère répondre mais il se saisit pas les mots. Ses oreilles bourdonnaient, ses pensées s'emballaient. Le départ du milicien signifiait qu'ils allaient emporter sa sœur. Viktor se détourna de la fenêtre, le cœur prêt à exploser. Mais il était impuissant !

Faisant signe à ses hommes qu'ils allaient partir, Dima prit le prêtre à part le temps de quelques mots. Gardez l’œil sur eux... Et soyez attentif. Relâchant l'homme de foi, il se tourna une dernière fois vers le haut des escaliers pour regarder la femme et son garçon que le père partait rejoindre. Un soldat plus zélé aurait exécuté toute la famille. Il préférait les faire surveiller pour qu'ils mènent potentiellement vers d'autres cibles. Pour le moment, il avait la fille.

Viktor ne ressentait plus rien qu'une culpabilité aussi profonde que son désespoir. Quand son père posa sa main sur son épaule, il se dégagea d'un mouvement compulsif, avant de lever vers lui un regard accusateur. Pourquoi n'avait-il rien fait, lui ? Il leur avait toujours répété qu'il serait là pour les protéger. Toujours ! Sentent la rage revenir, Viktor se dégagea des bras de sa mère pour se précipiter dehors.
Trop tard. Trop tard...