Rappel du premier message :

CONTRAT DE NOT'RP !

- Statut du RP : privé
- Type de RP : Express
- Tour de jeu : //
- Délai maximum d'attente de réponse : //
- Sauts de tours : //
- Autre :  

L'affolement l'avait saisi depuis deux bonnes minutes. Plus exactement, au moment où il s'était aperçu qu'il avait largement dépassé le délai habituel pour voler de l'Institut à L'Océan d'Or et qu'il n'y était pas encore arrivé. Une trombe de pluie l'avait surpris en plein ciel, le forçant à atterrir pour ne pas être emporté par le vent comme un pauvre fétu de paille. Un tel vent avait accompagné la subite averse que, même avec son affinité avec lui, il n'avait pas cherché à s'opposer à ses bourrasques. Il se trouvait donc en plein cœur de rues inconnues, les plumes trempées, un pauvre manteau comme seule protection entre des yeux curieux et son plumage écarlate, et totalement paumé. Cayden soupira en frissonnant. Il n'arrivait absolument pas à se repérer au sol. Toutes ses cartes mentales étaient aériennes. Et hors de question de décoller tant que l'orage n'était pas passé. Parce que s'il ne se leurrait pas, des éclairs s'étaient joints à la partie. Le tonnerre claqua violemment juste au dessus de sa tête et la foudre illumina le ciel. Il crissa de peur, s'attirant quelques têtes tournées dans sa direction, et se dirigea le plus vite possible vers la porte d'un bar, priant pour que ce soit le bon bar, même s'il en doutait avec la poisse qui lui collait aux rémiges ce jour-là.

La grimace de Markus en dit long, il se demande s'il n'a pas quelques choses à proposer. À part des cacahouètes et quelques noix, il n'a pas grand chose. Et encore moins des fruits. Qu'est-ce que c'est d'abord hein? On n'peut pas dire qu'il en raffole... Et dans un bar, ce n'est pas ce qui fait fureur en règle générale. "Je suis navré, du coup je n'ai guère mieux à te proposer que des noix ou des cacahuètes. J'sais pas si ton régime les comprend..." Il fait une pause. "Et pour la serpillère, ça me va. Normalement nous sommes deux et j'aurais dû faire la fermeture seul, donc on peut dire que tu tombes à pique."

"Ça devrait aller. C'est parfait même !" s'écrit vivement Cayden, soulagé que la question soit réglée aussi facilement. Il ne veut vraiment pas s'imposer. Surtout que si Markus le ramène, qu'il n'a pas à lutter contre l'orage, il peut attendre le matin pour manger un bon repas. Alors qu'ils attendent que les derniers clients partent, Cayden ose enfin observer plus longuement le bar. "Je ne savais pas que de tels endroits existaient. Pour les mutants, je veux dire." Il reste un moment silencieux. "Même si c'est un peu triste, quand on y réfléchit. Qu'on soit obligé de nous isoler des autres."

Ces endroits ne courent pas les rues. Fermer le bar aux humains est une décision prise par Markus des années plus tôt, après la mort de sa mère et de son grand-père. Mort? Non. Après leur assassinat. Par qui? Des humains stupides. Depuis ce jour, Mark leur voue une haine sans mesure. "Triste? Ils nous isolent déjà en jugeant notre différence. Et je refuse que mes frères soient mal à l'aise dans mon bar. Ici, l'on peut exhiber sa différence sans en avoir honte, être qui l'on est sans craindre le regard de pauvres ignorants apeurés ou d'entendre la moindre insulte à notre égard." Le russe tient à ce havre de paix qu'il offre à ses frères mutants. Il s'empare de sa boite de noix, en remplit un bol avant de le poser devant le jeune homme.

Aurait-il touché un point sensible ? Il semblerait. Mais Cayden reste serein, affichant un sourire chagriné. "C'est bien ça qui est triste. Qu'il n'y ait pas assez de tolérance dans ce monde pour que tout le monde s'acceptent. Les oiseaux, eux, me regardent comme l'un des leurs, malgré ma différence." Son sourire s'étend, devient plus joyeux. Il se souvient d'un jour de printemps. "Au point que plusieurs femelles du Cardinal Rouge me tournent autour." Sur le coup, ça avait été une expérience humiliante. Mais Cayden préfère en rire maintenant. "Merci" Devant le bol de noix, sa faim se réveille et fait gargouiller son ventre. Il n'hésite pas un instant à plonger une première main dans le bol, piquant de ses griffes quelques noix qu'il gobe aussitôt. Pour rougir de sa voracité dans l'instant. "J'ai longtemps volé." s'explique-t-il.

Markus sourit, amusé de l'anecdote. Il aurait pu, dans un autre temps, penser comme le garçon. Mais plus aujourd'hui. Pas après tout ça, après le mal qu'on lui a fait. A sa famille. C'est terminé, il refuse de se battre pour changer les humains. C'est à eux de faire des efforts, aujourd'hui. La haine du russe est bien trop forte... Sa main s'empare d'une poignée de cacahuètes, les lance dans sa bouche. "Longtemps volé?" Sourcils froncés, le mutant a peur de mal comprendre.

La bouche pleine, Cayden hoche vivement la tête avec un sourire candide. Il attend d'avoir avalé pour s'expliquer plus longuement. "Vous voyez mes aigrettes ?" Il pointe d'une griffe les deux plumes fines qui surmontent ses yeux. "Elles me permettent de comprendre le vent, de le contrôler parfois. Mais ça me fatigue toujours, et si j'ai trop faim, et bien... badoum ! Je m'écrase. Et avec l'orage, comme je ne voulais pas me poser au départ dans un endroit inconnu, et bien, j'ai un peu lutté pour me maintenir en vol. En usant de mon affinité avec le vent." Il fait la moue. "Mais ça devenait trop... trop. Je n'ai pas osé trop le défier. Le vent de tempête ne m'écoute pas beaucoup." L'ornitothrope sourit avec plus de gaieté, et une humilité réelle. "Il me fait un peu peur ce vent. Il ne veut rien entendre, il n'en fait qu'à sa tête." Il s'arrête un moment dans un silence songeur. "Comme les autres, les humains, en fait."

PS:

Markus est terriblement fatigué... qu'il en comprend atrocement mal les sens des mots. Fort heureusement, il a bien mal compris sa phrase et se rassure. L'institut nourrit toujours ses élèves... Le russe chasse ce vilain quiproquo et reprend son sourire amusé aux derniers mots du garçon. "Je peux comprendre, enfin, imaginer en tout cas. Mais je t'admire et t'envie un peu! Voler doit être une aventure merveilleuse." Du coin de son regard, Markus aperçoit les derniers clients déposer l'argent sur la table, le pourboire, se lever et partir. "lls ont ça en commun, effectivement... Un jour peut-être comprendront-ils, espérons-le." Le barman reprend une nouvelle poignée de noix. Ils sont seuls dans le bar. L'orage hurle toujours.

"Je n'ai rien d'admirable. Même, je fuis dans les nuages quand ça va mal au sol." Cayden regarde distraitement les derniers clients partir, mâchonnant quelques noix et les oreilles aux aguets des murmures du vent. "Il est bien excité ce soir." dit-il soudainement. "Trop chargé en eau." Il reprend une poignée de noix qu'il avale goulûment avant de sauter sur ses griffes. Dans son enthousiaste, il est nettement moins maladroit et ne raye qu'à peine le parquet. "Alors ces serpillières ?" Il a hâte d'aider en retour de l'aide reçue aussi généreusement. Il ne peut rien faire pour réparer ses rayures (avec ses mains-griffes, il ne ferait qu'aggraver la chose) alors il compte rendre cet endroit aussi propre que s'il était Cendrillon.

Beaucoup de mutants rêveraient de pouvoir s'envoler lorsqu'en bas ça explose. Mais Markus comprend et n'insiste pas. Surtout parce que le jeune homme saute sur ses griffes d'un coup, surprenant dans la foulée le barman. Il sourit et sort de derrière le bar, disparait derrière une porte pour en revenir presque aussitôt, tout son attirail de nettoyage en mains. Il le tend à son nettoyeur du soir. "On s'y met, alors! J'vais faire les comptes et ranger le bar pendant ce temps. Tu peux relever toutes les chaises sur les tables avant de passer la serpillère, s'il te plait?" Il n'attend pas de réponses, file chercher les derniers verres sur les tables, récupérant l'argent des derniers clients avant de revenir vers le comptoir et commencer à faire les comptes.

Cayden resta un moment indécis. Il se rapproche d'une chaise et y pose une main-griffe hésitante. Il ne doit pas les érafler. La tâche lui prend un certain temps, tant il s'y concentre avec soin. Une fois cela fait, il se dépêche avec un sourire satisfait vers les serpillières et s'entortille les pieds avec. L'image le fait doucement rire. Étendant ses ailes comme un paravent, il se donne une poussée avec ses plumes de queue et se laisse simplement glisser. A son grand soulagement, ses griffes sont assez couvertes pour que le parquet ne risque rien.

La comptabilité faite, Markus relève le nez pour observer son commis d'un soir, sourit. Il s'en sort pas trop mal étant donné sa technique plutôt... étonnante. Au moins, le barman gagne du temps sur la fermeture, sans Raphael, il est vrai qu'il met beaucoup plus de temps. Le russe se remet au travail et lave les trois derniers verres, pas besoin de lancer une machine pour si peu. Séchés, rangés, il s'attaque au comptoir, chiffon en main. Tout sera vite terminé.

Ça y est, il a passé tous les coins et recoins. Deux fois, au cas où le premier passage n'aurait pas suffi. Tout de même pris de doute, Cayden s'envole doucement pour se stabiliser près du plafond au milieu de la pièce qu'il fouille du regard. Dans ce bar, il n'hésite pas à utiliser les ressources que sa mutation lui a octroyé. Avisant deux-trois tâches récalcitrantes, l'ornitothrope se pose les nettoyer et se renvole sans marcher sur le parquet propre. Finalement délicatement perché sur le comptoir, il pique quelques noix dans le bol et demande à Markus : "Je m'occupe aussi des tables ?"

Le proprio relève la tête et aperçoit son nouvel ami perché sur le comptoir. Markus évite une mine exaspéré, il venait de nettoyer ce coin. Tant pis. Il lui sourit alors après sa proposition. "Eh bien puisque tu es si bien lancé, avec grand plaisir. Tu pourras remettre les chaises en place par la même occasion, et si tu peux, passer un coup sur les assises, histoire d'enlever les tâches que les clients auraient y faire, c'est gentil." Le russe se remet au travail, range des verres, les alcools, fait le compte des achats du lendemain matin. Ils n'ont plus de cacahuètes. C'est que les clients les dévorent à une de ces vitesses! Donc. Liste de courses. Cacahuètes, vodka et rhum. Le rhum pour leurs petites cuvées de rhums arrangés, il va leur en manquer au caramel assez vite.

Cayden reste perché le temps d'ôter les serpillières et récupérer des lavettes propres pour les tables. Avant de s'y atteler, il profite de voleter au-dessus de l'endroit où il s'était perché pour y passer un coup. Profitant de ses ailes qui lui libèrent les mains, il entreprend d'enlever délicatement les chaises des tables avec ses griffes de pied avant d'y passer un coup de lavette. Durant toute l'opération, il sourit, heureux d'être utile à faire une tâche normale sans tout casser. C'est comme pour la peinture, il doit juste arrêter de s'entêter à faire comme les autres pour faire comme lui le peut ; ça marche mieux. Arrivé devant les assiettes cependant, l'enthousiaste fond comme neige au soleil. Il regarde ses mains-griffes puis la vaisselle avec une moue dubitative. Il a peur de les casser, ou au moins de les rayer. Ses griffes sont loin d'être aussi habiles que des mains... il se demande s'il ne ferait pas plus que mal que de bien.

Le russe passe de derrière le bar à la salle, entreprend de débarrasser les tables du fond, disparaissant quelques instants. Petit à petit, le rangement se fait, la nuit s'avance et l'orage ne faiblit pas. Markus serait tenté de monter directement se coucher, la journée a été longue. Et au moins il n'a pas à sortir pour rentrer chez lui, à prendre simplement l'escalier derrière cette porte marquée d'un joli panneau "réservé personnel". Etonnement, il n'est pas dérangé de raccompagner le garçon, il le lui a proposé. Et ce gamin l'a aidé, même si également dégradé son sol et son bar. Il le raccompagnera. Le russe revient dans la salle et voit le jeune homme devant les quelques tables encore à vider. "Tu peux les mettre sur le comptoir, je m'en occuperai en rentrant tout à l'heure."

Perdu dans ses pensées, il sursaute et gonfle ses plumes instinctivement. Puis se félicite de n'avoir pas eu d'assiette dans les mains, elle aurait fini par terre, ou écrabouiller dans ses griffes. "D'accord." souffle-t-il doucement. Il prend une par une, délicat comme si elles étaient en verre, chaque chose qui reste sur les tables et les amènent au comptoir d'un pas pataud, mais heureusement sans anicroche. Il ne se rend même pas compte que, lorsqu'il y songe trop, il est plus maladroite que lorsqu'il n'y fait pas attention. Une fois son précieux chargement déposé, il attrape sa sacoche, vérifie que tout y est et la passe autour de lui. Il zieute vers une fenêtre ; il pleut toujours aussi dru. "Euh.. Mo... Markus." Cette fois, il s'est rattrapé plus vite. "Je vous ai assez déranger, non ? Sans doute que j'arriverai à rentrer tout seul..." Sa voix s'éteint d'elle-même. Non, il ne pourra pas voler sous l'orage, et oui, il se perdra.

Le russe lève la tête à son nom, lance un regard dans la direction du garçon, sourire aux lèvres. Il a encore failli l'appeler monsieur. C'est que c'est tenace, ces vilaines habitudes qu'ils prennent à l'institut, ces gosses. Lui? Ah non, il était plutôt du genre à se ficher des conventions. Ce qui ne vous étonnera pas. Le barman secoue la tête. "Tu ne me déranges pas, c'était un plaisir d'avoir une plus longue conversation avec quelqu'un ce soir, faut dire qu'à part les quelques civilités de rigueur, on ne m'a pas tenu la causette très longtemps ce soir. Et puis tu m'as aidé à faire la serpillère, je déteste faire ça. Donc on peut dire que tu m'as enlevé une épine du pied!" Mark rit quelques secondes, reprend. "Mais comme tu veux, je peux te ramener en quelques coups de volant sans aucun soucis. C'est à toi de voir."

Entendre dire qu'il a réellement aidé, et en prime, que c'était agréable de converser avec lui, tout cela amène des étoiles dans les yeux de Cayden. Il sourit franchement, presque sautillant sur ses griffes, avant de se rappeler où il se trouve. Ouf... le parquet est sauvé de nouvelles rayures. Car le plaisir fait se rétracter les griffes tout autant que la peur. Ses ailes, elles, ne manquent pas de voleter de joie, laissant derrière lui une ou deux plumes écarlates. "Si je ne vous dérange pas, Markus..." C'est que cette idée est aussi tenace que le Monsieur. "... je préférerai que vous m'emmenez en voiture. J'ai peur de m'égarer une nouvelle fois avec cette pluie et..." Sa voix se fait plus basse, un peu effrayée maintenant qu'il pense à la chance qu'il a eu. "... tomber sur des personnes moins gentilles que vous."

Cayden ne sait pas d'où lui vient une subite poussée de courage mais il lance d'une voix amusée : "Je ne pense pas que des morceaux de votre personne m'irait, Markus. Vous êtes trop grand pour ma petite silhouette." Même avec les dix centimètres gagnés grâce à ses griffes, il se sent toujours aussi petit que son ancien mètre soixante. Arrivé devant la voiture cependant, la peur revient en force. Il ne doit PAS érafler cette voiture. Il le sent, comme un instinct de préservation, que ce serait plus préjudiciable que le parquet ou le comptoir. Alors il prend tout son temps pour placer une griffe puis une autre, s'asseoir et rabattre délicatement ses ailes. Les mains posées sur ses genoux, il n'ose ni refermer la porte ni attraper la ceinture de sécurité. Il se sent à l'étroit dans l'habitacle et a peur d'abîmer un truc au moindre mouvement ; il n'ose même plus respirer fortement.

Surpris de la boutade, mais plutôt content que le jeune homme se détende avec lui, Markus sourit, referme la porte derrière son invité et entre dans sa voiture, referme la porte derrière lui. Ils ont apporté une petite modification, dernièrement, une porte de garage qui s'ouvre avec un émetteur. Que c'est plaisant de ne pas avoir à sortir de la voiture pour ouvrir le garage! Une innovation bienvenue. Le moteur se met en route, la voiture démarre et sort du garage qui se referme presque instantanément derrière elle. Et la belle impala s'élance sous l'orage sans peur. Le russe connait la route comme sa poche, n'a jamais craint l'orage. "J'espère qu'on ne croisera personne en rentrant, ils vont encore croire que c'est ma faute!" lâche-t-il en plaisantant.

Cayden sourit en coin. Il s'est apaisé tout seul depuis le départ, même s'il évite de bouger le moindre centimètre de griffes. Il ne sait pas pourquoi, mais il se sent moins intimidé en la présence de Markus, capable de plaisanter. Même avec Dylann, il n'ose pas. C'est qu'il a peur de perdre son seul ami. Maintenant, il trouve que c'est dommage. Il décide d'oser user de répartie taquine avec Dyn. Pour l'instant, c'est à Markus qu'il lance : "Je dirais qu'au contraire, vous avez été une véritable marraine-fée." Son petit sourire en coin est malicieux. Même s'il fait gronder de son retour nocturne à l'Institut, il se trouve heureux de s'être perdu dans l'orage ce soir-là. "Oh ! Si vous avez besoin d'un serveur... un peu maladroit." Un petit rire nerveux lui échappe. "Je voudrais bien essayer de temps en temps." Peut-être est-il trop jeune cependant.

Surpris, une nouvelle fois, Markus est étonné de ne pas même être contre cette idée. A vrai dire, le garçon semble plutôt motivé, travailleur, alors pourquoi pas? "Ecoute, pourquoi dire non? Tu as l'air plutôt de quelqu'un qui travaille bien, de ce que je viens de voir, si tes professeurs n'y voient pas d'inconvénient, avec plaisir! C'est que des fois, on serait presque débordés!" La voiture tourne à droite, continue sa route. L'orage gronde fort au dehors de l'impala. "Par contre on arrêtera le "vous", hein, j'ai l'impression d'être le professeur." Le rire de Mark résonne dans la voiture, écho au tonnerre. Et la voiture file dans la nuit, rapide. Vers l'institut.