Le jour dit à l'heure dite, c'est bien Lifen qui se présente au café, dans une tenue chinoise, une sacoche à la main, qui cherche Adrian Vassilievitch de son œil effilé et qui va très naturellement se présenter à sa table. "Bonsoir, Adrian Vassilievitch."

"Nous verrons bien." se borne-t-elle à répondre. Le français n'a effectivement pas la réputation d'être la langue la plus facile à apprendre, mais elle est confiante en ses capacités. Elle l'écoute ensuite expliquer ses raisons. Il lui semble pour le moins motivé. "Ce n'est donc pas tant la Chine que ses paysages qui vous intéresse ?"

"L'inconnu est toujours fascinant." commente-t-elle. Quand le serveur arrive, elle se fend à son adresse d'un "Un chocolat" pour le moins minimaliste mais inexpressif, avant de reporter son attention sur son interlocuteur. "J'espère qu'au fur et à mesure que vous apprendrez à connaître mon pays, il ne perdra pas tout son attrait à vos yeux."

Adrian Vassilievitch semble déterminé. Puisse-t-il l'être toujours à la fin du rendez-vous, songe Lifen en écoutant la question. "Commençons par ce que je dois vous enseigner. C'est après tout le but de cette rencontre, n'est-ce pas ?"

"Certes, et entre autre mettre en place nos futures leçons communes." Il sort de sa sacoche un carnet et de quoi écrire pour sa part, prêt à prendre des notes sur ce dont ils vont parler par la suite. "Par quoi suggériez vous de commencer ? Converser de culture ou débuter par les bases du langage ?" demande t'il avec curiosité.

Elle le regarde faire sans broncher. "Nous alternerons, mais commencer par un peu de culture me semble plus pertinent. Peut-être les salutations... Vous pourrez ainsi vous familiariser avec quelques mots et les sons qui les composent, avant que nous évoquions les bases de l'écriture. Si vous êtes toujours intéressé à la fin de la séance, nous pourrons planifier de futures rencontres. Cela vous convient-il ?"

Et la leçon commence effectivement par les salutations, courantes et formelles. Elle détache bien les syllabes, sa voix monte et descend à chaque voyelle. Il s'étonnera sans doute de la façon dont elle les prononce. Peut-être l'imitera-t-il sans comprendre. Peut-être ne l'imitera-t-il pas et prononcera-t-il à la russe, sans prêter garde à la hauteur et à la longueur des sons. Peut-être comprendra-t-il tout seul et saura-t-il imiter. Peut-être ne saura-t-il pas. Elle le teste.

Il observe, écoute, il bouge les lèvres en même temps qu'elle, à son rythme pour bien assimiler les longueurs de son. Puis, une fois la phrase terminer, il l'articule encore plusieurs fois sans émettre le moindre son avant d'enfin répéter les mots comme elle les a prononcer. Plus lentement cependant, pour être sur de ne pas faire d'erreur.