Le capitaine vient très proche de lui. "Vous avez dit -J'ai su- c'est donc que dans le passé même si ce n'était pas naturel ça arrivait et que désormais ce n'est plus le cas. N'est-ce pas ?" demande l'officier supérieur qui n'aime pas qu'on détourne la conversation ou qu'on le prenne pour un imbécile. C'est un noble Teluns, pas un némiens un peu stupide.

"Oui Monsieur" Quand on a un supérieur qui semble fâché, le plus sage reste de ne pas trop élaborer.

"Qu'est-ce qui a changé alors ?" insiste Jyan Tao.

" J'ai... été souffrant, Monsieur. Perdu la parole pendant trois ans. Toujours pas retrouvé mon sourire."Il doute le retrouver jamais. Ca ne le dérange pas, d'ailleurs, si les mots sont plus nombreux, le ton n'a pas changé, pas plus que sa posture. Il se moque pas mal de ne plus jamais sourire si ça veut dire ne plus jamais souffrir.

Il le regarde à nouveau cherchant dans cet homme étrange la faille qu'il faudrait combler. Celur ne s'est pas faites en un jour cependant. "Il va falloir pourtant." dit-il toujours inflexible dans son ton bien qu'il n'y ait pas vraiment de trace de colère.

"Sourire ? Pour quoi faire si ce n'est pas déplacé de demander, mon Commandant ?" C'est la deuxième question qu'il pose et il n'y a toujours pas de trace d'inquiétude ou de colère. Simplement d'une curiosité envers quelque chose qu'il ne comprend pas. Sourire n'est pourtant pas utile à l'armée, ou alors, ce n'était pas dans les manuels.

"Ca prouve que tu es vivant." dit le capitaine de Corvette. "Et tes hommes ont besoin de savoir que tu n'es pas un cyborg dénué de sentiment. Qu'ils comptent pour toi et que tu te battras pour eux. Non pas seulement parce que c'est écrit dans le manuel du bon officier. Mais parce que ça compte. Si tu ne veux pas vivre... alors une place de sous-officier te conviendra mieux. Où des missions en solitaire." explique l'homme engoncé dans son armure.

Le capitaine laisse passer un souffle étrange au travers de son casque. "Vivre sans sourire c'est survivre jeune homme." il fait demi-tour et se dirige vers sa cuisine. La il récupère une bouteille et l'amène avec deux verres à son bureau. Il sert rapidement les deux verres et en pousse un vers le bout de son bureau. "Tu veux vivre ? tu es sur ?"

Il a continué à le suivre des yeux, sans jugement mais prêt à se défendre en cas de problème. L'entrainement. Parce qu'il est impossible qu'il puisse survivre à une attaque si elle devait venir de l'homme en armure sur lui, désarmé et en tenue d'apparat. Son sourcil se hausse à peine devant le verre qu'on lui pousse. Il ne le prendra pas tant qu'on ne le lui dira pas. "Certain. Il est facile de mourir."

"Ne pas mourir c'est toujours seulement survivre." insiste une fois de plus l'officier alors qu'il décroche dans un bruit de dépressurisation la partie basse de son casque de combat. "Vivre c'est plus que ça mon lieutenant. C'est embrasser ce que la vie vous à laisser et en profiter pleinement." il prend son verre dans sa main mais ne le monte pas à ses lèvres. "Vous désirez rejoindre mon équipage pour un temps ?"

On est revenu au vouvoiement et, pour la première fois depuis le tout début de l'entretien, au titre. Doucement, Sylomen avait commencé à avancer la main pour prendre le verre mais la question lui fait immédiatement reprendre une posture plus fixe. Au garde à vous. "Ce serait un honneur de servir à vos côtés, mon Commandant."

Il lève son verre. "Bienvenu au sein de la Ruche alors." il boit son verre d'une traite et le pose sur la table. Sa bouche semble normale mais il replace pourtant rapidement le bas de son masque que se pressurise dans un bruit étrange. "On va vous apprendre à vivre. Enfin on va essayer."

"la Ruche":

"Si vous n'avez plus de question. L'adjudant Mao va vous montrer votre cabine et vous présentera à l'officier d'intendance. Ensuite vous irez faire votre rapport au capitaine d'arme." ordonne tranquillement le Teluns dans sa combinaison de combat. Une peau aussi bleue ça ne trompe pas.

A nouveau, il repose le verre et salue son supérieur avec tout le respect du à son grade et à sa toute nouvelle affectation. Puis, docilement et en silence, il suit l'adjudant Mao jusqu'à ses nouveaux quartiers, ses nouveaux collègues et ses nouveaux devoirs.