Rappel du premier message :

CONTRAT DE NOT'RP !

- Statut du RP : privé, mais je pense qu'on peut toujours discuter si jamais.
- Tour de jeu : Lnou - Alyaa.
- Délai maximum d'attente de réponse : deux semaines.
- Nombre de sauts de tours autorisés avant que le délai d'attente ne soit plus pris en compte pour le joueur attendu : N/A
- Autre : N/A

Assis sur la balançoire, il détonnait un peu dans le paysage, si bien que les rares gamins n'avaient pas osé s'approcher et avait préféré jouer au ballon un peu plus loin. Bien que le printemps peine encore à s'imposer sur l'hiver, Regan ne portait qu'un pull à capuche neutre de tout slogan ou autre logo. Son casque fiché sur les oreilles et un sourire distrait scotché aux lèvres, il dessinait. Pourtant, il n'y avait rien d'autre devant lui qu'un parc banal qui manquait encore cruellement de verdures. Rien qui ne vaille la peine d'être dessiné, en somme.

On aurait plutôt tendance à croire que dessiner, assis à moitié en tailleur sur une balançoire était particulièrement inconfortable, mais à le regarder, ça semblait incroyablement simple. Il se servait de son genou en guise d'appui pour sa planche à dessin et ses crayons de couleur étaient rangés dans la poche kangourou de son sweat. A première vue, il semblait les choisir complètement au hasard... pourtant, il arrivait de le voir en piocher un et de changer aussitôt pour prendre le suivant, sans doute insatisfait.

Vous savez, le bruit qu'on fait quand on aspire tout l'air autour de nous, en ouvrant tout grand la bouche, quand on est super content ? Eh bien vous avez la réaction de Jez, les yeux papillotants en plus. Au bout de quelques secondes, elle relâcha la pression, tendit la main et saisit le rouleau de papier avec autant de délicatesse que possible. Ouiiiii ! Thank yooouuu, thank you so much! Je vais l'accrocher au-dessus de mon lit pour le voir tous les matins à mon réveil !!

Difficile de croire que quelqu'un pouvait rougir encore plus, pourtant, ses joues passèrent rapidement de rouges à cramoisies. Il n'avait pas l'habitude que quelqu'un lui fasse autant de compliments, même indirects, dans un si court laps de temps. C'est normal, baragouina-t-il de plus en plus mal à l'aise. Au fond, il était plus timide qu'il n'en avait l'air. J'en ai déjà plein en plus, conclua-t-il très maladroitement.

Jez glissa le rouleau avec précaution dans son sweat, contre sa poitrine, et remonta la fermeture éclair. Comme un précieux bébé qu'il faut protéger. Elle fit un grand sourire banane à Regan. T'as un atelier ou quelque chose ? demanda-t-elle, avec en tête l'image des artistes vivant sous les combles, des taches de peintures et des toiles couvrant tout l'espace entre une kitchenette vieillotte et un canapé-lit déplié en permanence.

Ooooh, exactement comme elle se l'était imaginé ! Elle le regarda un instant, sans perdre son grand sourire, fascinée par le bonhomme, ses cheveux rouge, son talent... Sa vie, sûrement. Qu'elle imaginait bohème, comme dans un film. Moi je partage une chambre avec cinq filles, enchaîna-t-elle sans se soucier de logique de conversation. C'est assez cool. Elle mit ses mains dans ses poches. Et toi, tu vis tout seul ou t'es entouré d'une tribu, comme moi ?

Il semblait mal à l'aise par son soudain enthousiasme pour lui et il se mit à jouer avec une mèche de cheveux. Et elles sont toutes aussi jolies que toi ? demanda-t-il du tac au tac sur le ton de quelqu'un qui se renseigne sur la météo. Puis sans crier gare, il changea de sujet. Son regard devint encore plus indécis. Tu veux visiter ? Ce n'était pas un endroit qu'il tenait secret, mais peu de gens avaient eu l'occasion de visiter.

Un peu gênée, Jez avait gloussé puis accueilli le changement de sujet avec un soupçon de soulagement. C'est drôle parce qu'habituellement, quand un monsieur propose un truc comme ça à une ado, faut toujours dire non. Pourtant, Jez avait vécu dans la rue et des gens louches, elle en avait croisé pas mal. Celui-là, il avait vraiment pas l'allure d'un vilain. Ouais, pourquoi pas ! Faut juste que je sois revenue au parc pour 17h. On a le temps ?

Il la regarda d'un air complètement éteint, soudainement. Le concept d'horaire et d'obligation lui passait un peu par dessus la tête, pour ne pas dire qu'il ne comprenait absolument pas. Il réfléchit un instant avant de répondre. C'est par là, dit-il en montrant une direction, approximativement vers le sud. Tu veux quand même venir ? demanda-t-il inquiet d'un coup, comme si la direction pouvait changer sa décision.

Jez était amusé et totalement sous le charme touchant de l'artiste. Elle n'y réfléchit pas à deux fois. Je viens, répondit-elle. Elle n'aurait qu'à surveiller l'heure et prendre congés au bon moment. No problemo.

Il s'avéra, en fait, qu'il habitait à moins de dix minutes à pied. Du moins, c'est le temps qu'il leur fallait pour y arriver, en zigzaguant dans les rues. C'est ma maison, précisa-t-il en montant les marches d'une grande maison de ville de trois étages. Néanmoins, il frappa une série de coups - deux rapprochés, trois séparés et deux rapprochés à nouveau - et rapidement une femme d'une cinquantaine d'années vint leur ouvrir. Regan, tu ramènes une amie ? dit-elle sur un ton enjoué.

Ooooooh, un code secret ?! 8D Jez était encore plus emballée par cette invitation. Et la dame avait l'air vraiment gentille – et pas du tout surprise, notez bien. Encore un trait sympa de la personnalité du peintre. Bonjour, lança Jez sur le même ton enjoué. Moi c'est Jez. Enchantée !

Salut Jez, je suis Victoria, dit la femme en les laissant entrer. C'est ma maman, précisa Regan avant de se tourner vers elle. Jez voulait voir le grenier. Sa mère l'invita à lui faire visiter la maison, puis annonça qu'elle retournait travailler, tout en refermant la porte. Le couloir d'entrée donnait le ton. Le mur, autrefois blanc, était couvert de dessins - des feutres étaient à disposition - et on pouvait déjà voir qu'aucun mur de la maison n'avait une couleur identique à son voisin.

Jez dévorait la maison des yeux. Toutes ces couleurs, tous ces merveilleux dessins... C'est beau, dit-elle tout bas, comme si elle risquait de déranger la quiétude des lieux en parlant trop fort.

Si tu veux, tu peux dessiner aussi. Il marqua une pause. Tu dessines bien, précisa-t-il comme si c'était un pré-requis. Puis, oubliant complètement sa proposition et son compliment, il s'éloigna dans le couloir en direction de l'escalier. Viens, viens, c'est tout en haut ! dit-il sans réaliser l'absurdité. Un grenier pouvait difficilement être en sous sol.

C'était pas vrai, pour le dessin, Jez en était persuadée. Mais elle sentait qu'il était sincère et venant d'un artiste comme lui, qui ne voit pas le même monde que l'ensemble de l'humanité, elle était vachement touchée. Je te suis ! répondit-elle gaiment, sans remarquer le moins du monde l'évidence dans l'énoncé de Regan.

La caverne d'Ali Baba. Voilà à quoi ça ressemblait. On aurait presque pu voir les peintures et les dessins briller comme des bijoux, des coupes et tout un tas de trucs en or et en argent sous la lumière d'un rayon de soleil providentiel. Jez avançait doucement dans ce capharnaüm, le regard papillonnant de toile en... surfaces dessinables. C'est trop bien, comme endroit, dit-elle, totalement sous le charme.

Regan eut un sourire sincère. C'est le paradis, répondit-il les yeux dans le vague. Il n'y avait aucune prétention dans ses paroles, juste une simple constatation personnelle. Il en profita pour s'asseoir sur l'un des canapés de la pièce - un vieux truc recouvert de peinture - en se perchant en tailleur sur le dossier. Si tu vois un truc qui te plaît, je peux te le donner. Il avait la fâcheuse tendance à éparpiller son art partout et chez tout le monde.

Tu m'as déjà donné un dessin, répond une Jez rougissante en posant délicatement la main sur son sweat où est abrité le précieux trésor. Elle est bien trop gênée pour prendre autre chose, mais elle regarde chaque toile et dessin avec un intérêt croissant. Toutes ces couleurs la mettent en joie.