T'es pas rendue si t'es trop polie. July, qui sortait d'un café, l'avait regardé quelques instants avec curiosité avant d'intervenir. Les mains dans les poches de son jean, la veste en cuir ouverte, l'allure presque désabusée, elle avait l'air de ce qu'elle n'était pas : quelqu'un qui connait la ville comme sa poche.

July sourit, amusée par sa remarque et flattée par le compliment. Elle pensait indeed que les New Yorkais étaient sourds quand ils s'y mettaient, mais elle n'allait pas détrompée une nouvelle venue. Nope, répondit-elle après avoir jeté un œil au papier, mais je sais à qui on peut demander, ajouta-t-elle avec un mouvement de tête. Elle avait repéré un vendeur de hot-dog, en venant. Lui saurait, pas vrai ?! Fallait juste affronter la foule du trottoir sur trois cents mètres.

HRP :

C'est parce qu'il faut pas les appeler, avisa July, il faut lever le bras pour qu'ils te voient. Ceci dit, c'est l'heure de pointe, chuis pas sûre que t'en aurait trouvé un de libre facilement. Et voilà, elle avait l'air d'une vraie New-yorkaise. Ça servait toujours d'éplucher les guides touristiques en arrivant quelque part. Jul était devenue une pro en la matière. Sans trop de difficultés, elle s'intégrèrent au flot des passants.

HRP :

July rit à l'évocation d'Angelina Jolie. Baaah, répondit-elle, pas de quoi ! Chuis tombée sur des gens sympa en arrivant. Elle eut un petit haussement d'épaules agrémenté d'un sourire. Je passe le relais... Ah ! voilà notre homme ! ajouta-t-elle en apercevant le vendeur de hot-dogs, au coin de la rue.

Jul, mains dans les poches à nouveau, sourit de toutes ses dents. Carrément ! J'adore les hot-dogs ! En fait, je voulais justement m'en prendre un. Ce qui était la pure vérité, car même si elle avait anticipé la petite contrepartie, elle avait un petit creux de toute façon. Et pendant que le vendeur faisait son taff, elle ajouta : Je t'accompagne un bout, si tu veux. J'ai rien de prévu là tout de suite.

HRP :

Après l'avoir remercié et salué le vendeur, elle lui emboita le pas. Original, comme nom. Moi c'est July. Elle avait déjà englouti la moitié du hot-dog. Alors, qu'est-ce que tu viens faire à New York ? Enfin si c'est pas indiscret.

HRP :

Jul ne s'attendait pas à une réponse aussi proche de sa propre vie. Ceci dit, elle mentait depuis si longtemps maintenant à propos de sa famille que c'était facile à gérer. Elle avala la dernière bouchée de son hot-dog et jeta le papier dans une poubelle. Ça fait deux semaines à peine, répondit-elle avec un petit rire. Moi aussi j'avais envie de changer. Je bouge tout le temps en fait, je trouve ça vivifiant... Et tu sais quoi ? Je crois que j'aime bien cette ville.

C'est vrai que c'est surpeuplé, rit Jul, mais on s'y fait vite, tu verras. Les gens sont plus sympa qu'ils n'en ont l'air : je me suis déjà fait des amis !, ajouta-t-elle avec un haussement d'épaules décontracté. Bien sûr, sa définition du mot "ami" était un peu tronquée, mais elle s'entendait bien avec ses nouveaux collègues, ça compte, nan ? Hem.

Bah, fit-elle, je bosse dans un Trader Joe's. C'est pas passionnant, mais l'ambiance est cool et le patron est sympa. On s'marre bien. Elle sourit, vraiment pas gênée d'évoquer un boulot sans études et aussi peu d'ambition pour l'avenir. Et toi, tu faisais quoi, avant de débarquer ici ?

C'est clair. Elle risquait pas de la contredire vu que l'essentiel de sa vie tournait autour de ses petits boulots, justement. Et tu vas crécher dans ce coin, du coup ? Le quartier, un poil à l'écart des grandes artères, semblait agréable et pas mal situé. Ça pouvait être cool si on n'avait pas peur des trajets en métro.

C'est cool, comme ça t'as le temps de te trouver un truc sympa. Bien qu'elle ne prêta aucun intérêt au confort d'un appartement, elle comprenait que ça puisse importer pour les autres. Et c'était généralement le cas. Du coup, elle faisait genre "c'est super important d'être bien installé" alors qu'elle-même s'en fichait éperdument. T'as déjà jeté un œil au petites annonces ? Y en a des tonnes, c'est fou. Si t'as pas trop de critères, tu trouveras facilement !

Jul ne put s'empêcher de s'attendrir. N'était-ce pas exactement ce qu'elle faisait à chaque fois qu'elle déménageait ? Elle ne se préparait jamais, partait toujours sur un coup de tête. Elle ne voulait pas s'étaler là-dessus, mais elle voulu signifier à Patience qu'elle approuver son choix. C'est super, le changement. Trop de gens s'en privent, si tu veux mon avis. Tu verras que dans quelques jours, tu connaitras les tarifs des taxis et tu lèveras le bras comme une vraie New-yorkaise, dit-elle en lui faisant un clin d'œil.