Que dire, si ce n'est qu'Éléna avait eu une idée saugrenue en demandant des vacances, loin de la ville et de ses problèmes, à sa suivante. C'était cette dernière qui lui avait organisé tout son voyage, si bien qu'elle ne savait même pas où elle se trouvait. Un coin du monde  jeté aux oubliettes, apparemment. L'endroit où elle logeait été tellement... tellement... Le résultat aurait été le même si elle dormait dans une tente. Il n'y avait rien - même pas cette drôle de machine qui séchait ses cheveux ! Pas une once d'électricité, en réalité. Comment s'éclairaient-ils ? À la bougie ! Quelle forme de vie primitive.

On lui avait conseillé de marcher le long de la plage. Elle avait vite changé de direction, il y avait beaucoup trop de vent. Elle marchait, dans sa riche robe, sur un sentier de terre d'où elle ne voyait que des cabanes et des champs. Bien évidemment, Éléna s'ennuyait. Lorsqu'elle vit un banc, la Dame l'épousseta d'un mouchoir qui vira au gris. Dégoûtée mais fatiguée, elle se résigna, et s'assit.

HRP:

Étonnamment, Éléna n'arrivait pas à se mettre en colère par cette insolence, elle était plutôt irritée, comme si elle faisait face à un jeune garçon capricieux.
« Vous bavardez trop, jeune homme, et inutilement. J'aimerai que vous me laissiez en paix, tant que votre présence ne me sera point utile, ou au moins intéressante. » Sur ces mots, elle rouvrit son éventail, commençant à trouver la chaleur insupportable, sous ses nombreux jupons.

Le sale petit moujik lui riait aux éclats, maintenant ? La dame ne put que crier d'indignation, de lui cracher un : « Je n'ai jamais rencontré quelqu'un d'aussi détestable ! » et de repartir, cette fois-ci d'un pas rageur. Si, de nouveau, il venait la rattraper, elle lui écraserait le pied violemment avec son talon cette fois-ci !
« Quelle honte, quelle honte... » se répéta-t-elle tout bas, en s'éventant énergiquement.

S'étant montrée jusque là d'une infinie patience, Éléna sentait néanmoins la colère venir peu à peu - du moins la colère pourrait-elle expliquer le fait qu'elle commençait à avoir beaucoup trop chaud. Après une seconde d'arrêt due à la surprise et un regard venimeux, elle reprit son chemin en s'éventant de plus belle.
« Partez, très loin, jusqu'à Vladivostok, mais soulagez-moi de votre horrible compagnie ! »