Nano. RolePlay

Il y avait de quoi d'être de mauvaise humeur. Son dernier compagnon d'aventure, trop cupide, s'était fait croquer par un mimic. Ne jamais faire confiance aux nains pour se tenir devant un coffre - supposé plein d'or. Son problème était d'en trouver un nouveau. Pas trop con. Pas trop moralisateurs. Pas trop couteaux dans le dos. Ce qui éliminait pas mal de monde d'office.

Erlann, la rôdeuse, ne pouvait guère faire la fine bouche malheureusement. L'annonce qu'elle avait posté à la guilde n'attirait pas des masses. Etait-ce son écriture ? Ou le manque de dessins ? Elle n'envisageait pas du tout qu'il s'agissait du message.

Recherche : Compagnon pour une aventure. Capacité à ne pas se faire manger par un mimic, cerveau et compétences attendues. Bien payé. Paie pour veuve et orphelins.

Ça devait attirer l'assurance que sa famille aie son argent après décès, non ?

Non. Visiblement.

La rôdeuse n'avait plus qu'à se préoccuper de mettre ses bottes sur la table et de garder ses affaires près d'elles.  C'était déplaisant d'avoir à attendre. Du temps perdu. De l'argent perdu.

Des annonces mal torchées, j’en avais déjà vu pas mal en plus d’un siècle de mercenariat. Trop longues, trop courtes, trop vagues, trop détaillées, bourrées de fautes… Les possibilités ne manquaient pas. Celle que j’avais actuellement sous les yeux réussissait le tour de force d’être à la fois trop vague et trop détaillée. Rien comme infos sur l’aventure ou la nature de la paie, mais plein de raisons de ne pas tenter le coup. Un coup d’oeil suffit à identifier l’auteur probable de l’annonce. « Si tu torchais un peu mieux tes annonces, t’aurais peut-être une chance de dégoter autre-chose que des décérébrés congénitaux. »

L'heureuse détentrice de la palme de l'annonce la plus mal torchées du siècle regarda de manière neutre la commentatrice. Tira une flèche de son carquois pour examiner la pointe. En s'appesantissant sur son équipement, un oeil exercé remarquerait également la dague et la lame plus longue. Elle est bien foutue ! J'ai rajouté la mention de paie pour les veuves et orphelins ! C'est censé marcher. Elle n'avait aucune envie de dérouler la liste des décérébrés congénitaux. Tous morts ou retirés définitivement des aventures pour une raison ou une autre.

« Sûr. Tu donnes aucune info concrète, mais tu mets bien en avant le danger de mort. Ca te garantit de te retrouver avec une tête brûlée, un suicidaire, ou les deux à la fois. Enfin, si tu veux continuer à poster des annonces pareilles toutes les semaines, c’est toi qui vois. » Enfin, p’têt qu’elle-même faisait partie d’une de ces deux catégories. Plutôt la catégorie tête brûlée : vu son attirail, elle devait pas être trop suicidaire… à moins bien sûr qu’elle ne sache pas s’en servir et ne le garde que pour une question d’apparence.

Merci pour les suggestions., répliqua-t-elle sur un ton ironique. Difficile d'être concret quand elle n'avait pas encore de plan à proposer. À part la carte d'un type miteux et suspect qu'elle avait acheté (avec le soupçon que des copies étaient vendues). Paradoxalement, elle appréciait la rentrée d'argent supplémentaire quand son camarade périssait. Difficile à admettre n'est-ce pas ?

C’est fou comme « merci » veut souvent dire « va te faire foutre ». Je haussai les épaules : « Si ça te plaît de perdre ton temps et te coltiner des glandus auxquels tu peux pas te fier, c’est ton choix. » Ca ferait moins de concurrence sur le terrain.

En écoutant l'autre elfe noire, il lui vient à l'idée qu'elle pouvait très bien s'en passer des compagnons. Pourquoi perdre du temps avec des idiots ? La rôdeuse se dit qu'elle pouvait bien aller découvrir les secrets de la carte (suspicieuse) entre ses mains. C'est mes oignons. Pas touche. Mmmh. Des cordes, un grappin, de l'acide, de la potion de soin, allume-feu, ration et eau ne serait pas de trop. Qui pouvait savoir quel genre d'ennui allait lui apporter cette carte ?

« À ta guise. » Ce n’étaient en effet pas mes oignons, je n’avais donc aucune obligation d’aider cette rédactrice de mauvaises annonces. Et j’avais soif. Je partis donc commander une bière au bar plutôt que de continuer cette conversation stérile.

Et c'est à sa guise qu'elle entendait mener ses affaires ! Partie chercher les objets de sa liste mentale mentionnée plus haut, elle avait failli acheter une corde usée et un sac troué qu'avait essayé de lui vendre un gobelin. L'arnaque. Pas cette fois ! Ce sera pour un autre pigeon !