Nano. RolePlay

Après que tous les gamins soient sortis de la classe, je prends quelques minutes pour ranger mes affaires. Je n'ai plus rien de prévu pour la journée et j'ai tout mon temps. En fermant la porte de la salle de cours, je remarque l'une de mes collègues dans le couloir, aussi réservée que moi. Si bien qu'on a rarement discuté. "Bonjour Charlie !"

Je regarde, quelque peu étonnée, la jeune femme et acquiesce tout en ouvrant de nouveau la porte de la salle de classe afin que nous puissions nous y réfugier. "Quelque chose ne va pas ?" C'est bien, une première que Charlie demande ainsi à me parler.

Alex Collins ? Il s'agit d'un des gamins qui vient de sortir de ma classe. Plutôt discret, secret, il me rappelle un peu moi à son âge. Je me tenais également en retrait de mes camarades. Je me souviens de tout ce que mes yeux voient. Maintenant qu'elle m'en parle je réalise que quelque chose ne va pas. "En y repensant..."

Il y a des regards et des gestes qui ne mentent pas. Et si j'avais prêté un peu plus attention à tout cela, j'aurai pu m'inquiéter avant. Mais mon cerveau enregistre bien trop d'informations et je n'arrive pas à tout gérer. Charlie a raison, ce gosse ne s'ouvre pas, mais je ne suis pas mieux que lui. J'ai pris quelques années et pourtant, je ne m'accepte pas plus que quand j'avais son âge. "Je propose qu'on garde un œil sur lui pour vérifier nos suspicions."

Je grimace en évitant son regard. J'aimerai dire que je suis le genre de professeur proche de ses élèves, vers qui ils n'hésiteront pas à se tourner en cas de besoin. Mais je suis bien trop discrète pour ça. Et même si tout mes étudiants savent qu'ils peuvent venir me trouver et que je répondrai à leurs questions, ils n'osent pas plus que je n'ose leur parler en dehors des cours. "Hum, pas vraiment... Pas plus qu'avec n'importe lequel de ces enfants..."

Je la regarde, levant mes sourcils de manière interrogatifs. "Tu ne crains pas de l'effrayer, en le confrontant ainsi à deux professeurs ?" En plus, nous ne sommes pas certaines qu'il se passe quelque chose. Évidemment si le gamin est persécuté, il fait agir. Mais tant que nous ne sommes sûres de rien...

Charlie hausse les épaules. "J'aime mieux qu'on lui fasse un brin peur, mais qu'il sache qu'il n’est pas tout seul que d'attendre qu'un truc vraiment grave se produise pour agir." Elle sait jusqu’où ces remarques blessantes peuvent aller et jusqu’où elles peuvent pousser quelqu'un. Elle a toujours eu son frère et sa sœur pour la rattraper, pour l'aider, mais Charlie ignore où elle serait aujourd'hui sans eux. "Mais sinon, je lui parlerais toute seule, c'est pas un problème."

Je comprends où elle veut en venir, mais je me souviens que pour ma part, je pensais que personne ne pourrait me protéger, que de toute façon c'était de ma faute. "J'ai peur qu'il n'ose pas nous parler, qu'il ne nous fasse pas confiance pour le protéger ou pour l'aider."

"C'est plus une question de comportement que de notes de mon côté." Maintenant que je me repasse les images, je vois qu'il se renferme de plus en plus sur lui, qu'il n'ose plus lever les yeux vers qui que se soit et qu'il tente de se faire aussi petit et discret qu'il le peut pour qu'on l'oublie. Cela a presque marché d'ailleurs. Si Charlie ne m'avait pas interpellé à son sujet... "Par contre, il va falloir le convoquer de manière discrète afin que les autres ne pensent pas qu'il a cafardé !"

Ce n'est clairement pas le premier mutant à se faire embêter pour sa différence. Mais ce qui me surprend plus et me dégoûte, c'est de voir qu'on a ramené toute cette violence gratuite derrière les murs de l'Institut. J'avais toujours vu l'école comme un endroit où les mutants seraient en sécurité. Je pensais qu'on avait assez souffert du rejet des Hommes pour ne pas le ramener dans notre refuge. J'avais tort... "Je ne comprends pas !" Et pire, je ne l'accepte pas...

"J'espérais..." Avoir laissée tout ça dehors ? Croire que les mutants se soutenaient entre eux peu importe la nature de la mutation ? C'était idiot, je suppose. Il suffit de voir la guerre que se porte les X-Men et la Confrérie pour se rendre compte que ce n'est pas parce qu'on a le gêne mutant en commun qu'on est fait pour s'entendre. "Je suppose que je suis trop naïve..." Pourtant, j'aurai aimé avoir eu raison de croire que l'on formait un tout uni.

"Oui, pas de soucis, je serais plus attentive à partir de maintenant." Oh ça, j'allais garder mes yeux sur ce gosse quitte à retenir tout ce qu'il faisait de sa vie. En tout cas, je refuse de me voiler la face sur la violence qui se trouve dans ces lieux juste parce j'aurai préféré la laisser derrière l'enceinte en venant trouver refuge ici.