Nano. RolePlay

Zenkûga sifflota une mélodie familiaire dans la petite maison de terre qu'il avait hérité de l'aimable vieil homme qui s'était volontairement sacrifié (c'est pas vrai). Il n'était pas très bon cuisinier, mais il s'améliorait. Sa soupe aux légumes (principalement des tomates) devenait de plus en plus comestible, par exemple. Il n'avait pas encore tout à fait compris qu'elle serait même délicieuse s'il arrêtait de mettre des cuisses de gobelin dedans, mais bon. Tout à son rythme.

Heureusement qu'elle surveillait la porte ! Elle se doutait bien que quelqu'un les avait cultivé, ces légumes, et qu'il y avait de fortes chances que ledit quelqu'un soit dans sa cahute, mais c'était quand même pas de bol qu'il décide de ramener sa fraise dehors juste quand elle était là ! En tout cas, elle ne prit pas le temps de détailler le propriétaire du champ. Dès qu'elle perçut un mouvement, elle se carapata derrière la maison, ni vue ni connue.

C'est étrange. Son sixième sens lui avait pourtant dit que y'avait un gros pro— AH MAIS C'EST QUOI CA ? Zen s'approcha du potager à grands pas. Il n'y avait peut-être pas grand chose dans sa citrouille, mais même lui pouvait voir le désordre dans un jardin qui avait pourtant été peu chaotique. Etant ancien traqueur, l'orc entreprit de retracer les pas du coupable, jusqu'à ce qu'il tombe torse-à-nez avec une petite humaine (pour lui tous les humains étaient petits).

HE ! TOI ! L'orc lui couru après avec quelques secondes de retard. Zen avait la patate pour son âge ! Il avait aussi des longues jambes musclées. Qu'un petit bémol : il avait oublié une arme. Il aurait pu lancer un couteau ou une massue, mais certainement pas en courant. Puis, c'est pas comme s'il avait l'intention de tuer sans une bonne discussion (future cliente peut-être !). Fallait connaître ses motivations. TOI STOP !

Ca y est, c'est la fin des haricots. L'humaine fit des roulades avant d'enfin s'arrêter en bas. L'orc s'arrêta également (enfin un peu de temps de respirer (il aurait pu courir 3 jours encore, qu'il pense !)) et plissa des yeux pour voir où la chose avait atterri. TOI PAS BOUGER ! cria-t-il amicalement d'en haut. Sa propre descente était beaucoup plus élégante. Il plongea, comme elle, tête d'abord. (Pourtant, il aurait parfaitement pu le faire à la marche.)

Alexie endura la descente aussi bien qu'elle put, mais mal quand même. Arrivée en bas, elle resta immobile le temps de faire l'inventaires de ses bleus et bosses. Ce dernier aurait pu se prolonger longtemps mais fut interrompu par le plongeon du monstre (élégamment stupide). Par réflexe, Alexie roula sur elle-même et se releva dans la foulée. Ouïe ! Elle avait mal partout. Mais elle avait bien fait de bouger ! Sans ça, elle se serait pris le monstre en pleine poire.

Un Zenkûga atterrit toujours sur ses pattes. Faux ! Il avait visé l'humaine pour amortir sa chute (pas une bonne idée finalement — elle était maigre comme une échalote) mais s'était pris un tronc d'arbre en pleine tronche. C'est pas grave. Zen est un orc qui ne ressent rien de mal les premières heures. Un peu comme un berserker ; il se prend les vrais points de dégâts après la bataille. Ha ! Il se redressa, l'air de rien. Toi arrêter de courir maintenant ?

Elle a dit quoi, pas qui, mais pour l'orc l'un équivaut l'autre. Moi être Zenkûga, Fils de Askoth, Vainqueur de Dragons, Boucher du Sud, Lèche-Os, Craqueur de Crânes, Triple Sang. Ah, et moi être jardinier du jardin. Il pointa vers le haut plutôt que vers la maison, mais le principe était clair. Toi l'humain doit payer à Zenkûga. Rien gratuit ! Même pas courgettes. (Et courgettes pousser vite.)

Euh... Enchantée, Zemkouga. Quitte à faire la conversation, autant y aller à fond. Oublie que tu parles à une grosse bestiole verte, Alexie... Ok, si tu veux être payé, on peut s'arranger. J'ai de quoi payer, d'accord ? Tes navets, tes panais, tout ça... Elle parlait lentement, en articulant exagérément. Le monstre avait pas l'air particulièrement vif d'esprit. J'ai du poisson, dans mon sac. Ça t'intéresse ?

Tu parles échange. Mais elle ne semblait pas avoir un radis ! Toi pas avoir argent ? Or ? Le poisson ne l'intéressait pas. Il pouvait facilement en retrouver dans la rivière. Bien couteau peut-être ? Il faisait un effort de rester flexible. Une arme, un bijou, quelque chose qu'il pouvait utiliser ou revendre si nécessaire.

Zen regarda les petites pièces (RIKIKI !) que la petite humaine tenait dans sa main. Vu qu'un de ses pouces faisait plus ou moins la taille de sa paume, il ne savait pas trop quoi faire des trucs minus. Il prit une pièce en toute délicatesse de peur de la perdre, et la coinça entre ses dents pour mordre dessus. Faut bien tester la qualité. Ca valloir combien ? Il ne connait pas cette monnaie. Combien de betteraves pourrait-il acheter avec ça ?

Pounds, kroner, euros. Il connait pas cette monnaie. Elle devait venir de loin. Mais ! Elle avait dit que c'était assez pour des légumes malheureux. Attends.... Malheureux légumes ? la questionna-t-il. Pourquoi légume être malheureux ? Zen préférer légume heureux. L'orc avait clairement un pois chiche dans la tête.

Bon... Zemkouga était donc définitivement un abruti... le pauvre lui faisait presque pitié, mais elle réprima fermement ses émotions. Occupes-toi de ta pomme, Alexie ! Non, heureux, pas malheureux. Légumes heureux si je les achète. Alexie soupira discrètement. Elle ne pouvait pas s'empêcher de parler comme cet abruti. Tu cultives bien tes légumes pour les vendre, non ? Ils seront heureux si c'est le cas.

Il ne connaissait pas le mot "cultiver", mais hocha quand même la tête genre il avait tout compris. Fallait pas qu'elle le prenne pour un abruti. Ou pire : un inculte. Ha ha ha ! Il força un rire puis claqua la pauvre fille sur le dos comme si elle venait de dire une bonne blague, ne sachant pas comment réagir convenablement. Oui, oui, oui. Il était un peu con, mais au moins il avait la pêche pour son âge !

Alexie se tendit quand la brute lui frappa le dos et eu un mouvement de recul. Qu'est-ce qu'il croyait ? Qu'ils étaient soudain amis ? Qu'ils allaient partir gaiement cueillir des framboises, main dans la main ? La jeune femme prit de la distance et força ses poings contractés à s'ouvrir. C'était pas une blague. Tu prends l'argent ou pas ? Le ton était bien plus froid tout d'un coup. Alexie détestait qu'on la prenne par surprise.