Nano. RolePlay

Rappel du premier message :

CONTRAT DE NOT'RP !

   - Statut du RP : Ouvert à une incrustation surprise (demander par MP au préalable)
   - Type de RP : Normal
   - Tour de jeu : Dans l'ordre de réponse
   - Délai maximum d'attente de réponse : Deux jours
   - Sauts de tours : Un seul
   - Autre : Promis, Klyde ne fera pas de mal à Anoushka si elle ne fait rien de... lupin.  
   

Il regrettait déjà son ancienne maison... Il y avait trop de gens ici, trop de bruits et trop de choix. Trop d'imprévus également. Klyde n'aimait pas les imprévus. {Mais ils sont riches d'expériences et de connaissances à venir, Trésor. Vois cette mésaventure comme ta première épreuve dans le monde.} D'accord, Klyde n'aime toujours pas les imprévus mais il se promit de voir les choses différemment. Ce n'était pas un drame s'il ne comprenait encore rien aux transports par dirigeable, s'il avait lamentablement manqué la capitale et qu'il lui fallait trouver un moyen pour rentrer à Moscou, sa valise sur les talons. Mais la capitale qu'en même... C'est grand une capitale, non ? {Allons mon garçon, rien n'est un hasard. Le Seigneur a sûrement prévu quelque chose pour toi ici, à toi de chercher.} Resserrant son manteau trop large pour lui autour de ses épaules, son chapeau vissé sur sa tête pour protéger ses yeux du regard des passants, le jeune homme prit sur lui et entreprit de se diriger vers la bourgade la plus proche où il pourrait trouver une gare (plus jamais le dirigeable, plus jamais). Le temps était relativement doux pour un mois d’aout mais les nuages qui se formaient dans le ciel étaient sans appel : s'il ne se dépêchait pas, il finirait sous la pluie. Et il n'avait rien d'assez chaud dans ses affaires si cela arrivait. Et ça arrivera sûrement.

La scène qui se jouait devant lui entre Anoushka et ses grands-parents lui donnait de vagues impressions contradictoires. Les chamailleries de ce genre étaient sévèrement réprimandées pendant les repas (et même en dehors s'ils venaient à déranger les prêtres) ; pourtant, même s'il n'en avait guère vécu, les gestes et les rires ne lui étaient pas inconnus. Comme un air de déjà-vu d'une vie antérieure. Klyde n'arrivait pas à se l'expliquer, ce qui devait lui donner un air encore plus dans la Lune. Le calme soudain à l'arrivée des petits fromages de brebis le sortit de sa transe. C'était la même odeur que sur l'étal du marché.

Anoushka se passa une langue affamée sur les lèvres, les yeux pétillants de joie, et d'un peu de gourmandise. Il y avait deux sortes de fromages : des tranches de mottes fermes et des crottins mous et fondants. Sa préférence allait sur ces derniers. Elle tirailla la manche de Klyde, qui restait silencieux, perdu elle ne savait où dans les tortillis de ses pensées. "Je vous conseille les crottins, M'sieur." lui murmura-t-elle sur un ton de secret. "Ça fond dans la bouche, ça envahit le goût... Miam." Elle avait pris un air rêveur à mesure qu'elle parlait. En riant, Dedoula lui tendit deux tartines recouvertes du fromage crémeux des crottins puis poussa l'assiette centrale vers Klyde, l'invitant à choisir par lui-même. "Oh ! Chont c'trop c'bon, Chedoula !" réussit à articuler plus ou moins bien Anoushka, la bouche pleine. Baboula lui fit les gros yeux et elle sourit d'un air contrit en avalant pour reprendre : "C'est trop bon, Dedoula !"

PS:

Klyde accepta la tartine restante avec un hochement de tête poli. D'après ce qu'il avait vu, il s'agissait des crottins qu'Anoushka lui conseillait. Et elle avait raison,  le formage était bon, fondant, bien qu'un peu fort en goût pour lui mais pas désagréable. "Très réussi Monsieur" complimenta le jeune homme. Il appréciait ces gens, ils étaient gentils avec lui et ne lui posaient pas de questions. Et aussi, il l'admettait, le repas était un vrai festin.

Anoushka soupira d'aise quand elle eut fini ses tartines. Heureusement que Dedoula l'avait servie, elle était repue, mais elle aurait pris une troisième tartine de gourmandise si elle s'était servie elle-même. La petite fille était contente de voir leur invité apprécier lui-aussi le repas. Il en avait grand besoin, maigre qu'il était. Son grand-père sourit sincèrement au compliment ; il n'était pas peu fier de ses fromages. Quand Anoushka voulut aider Baboula à débarrasser la table comme d’habitude, elle fut gentiment renvoyée s'occuper de Klyde tandis que Dedoula allait rentrer les moutons. On entendit Sokaba hurler son amour pour son maître et lui dire qu'il avait bien gardé les moutons et... non. Non. Elle ne comprenait pas les aboiements du chien. Se tournant vers Klyde, elle lui sourit : "Venez. J'vais vous montrer mes cartes, et l'horloge mécanique. Elle est vraiment jolie, vous verrez. Mes cartes aussi." Et elle l'entraîna.

Vestimentairement à son aise et le ventre plein, Klyde suivait la petite qui le tirait par la main. Il ne s'en choquait plus et maintenait son pas à sa vitesse. Elle lui avait déjà parlé de ses belles cartes, celles qui lui donnaient envie de voyager. Il pourrait peut-être lui indiquer deux ou trois itinéraires de pèlerinages (même si elle était encore jeune, c'était le genre de voyage qui se préparait et quelques années à attendre ne seront pas de trop). Il entendait moins distinctement Sokaba à mesure qu'ils avançaient dans la maison jusqu'à la chambre de la fillette. "Vous avez beaucoup de moutons ?" demanda-t-il à brûle-pourpoint.

La question de Klyde la surprit assez pour qu'elle oublie de ne pas le dévisager avec le regard qui savait qu'il se méfiait de ses bêtes. Mais elle répondit avec innocence : "Je ne sais compter que jusqu'à cinq. Donc on a plus de quatre fois cinq moutons. A peu près." Considérant l'affaire close, elle le fit s'asseoir sur le lit et lui dit de l'attendre pendant qu'elle partait chercher l'horloge mécanique de la maison. La chambre était petite. Il n'y avait qu'un lit avec une peluche en laine de mouton, un petit bureau habitué par le temps et une chaise ainsi qu'un gros coffre décorée par une main d'enfants. Anoushka revint vite avec l'horloge. C'était une très belle pièce qui pourrait valoir chère chez un brocanteur d'antiquité. Elle était parfaitement réglée, à la grande fierté de la petite fille qui souriait de toutes ses dents, sauf celles qui manquaient. "Ya que moi qui arrive à la réparer ici. Oh ! Tu veux voir mes deux objets de cœur ?"

Il y aurait donc une vingtaine de bêtes, suffisamment pour qu'il ne craigne pas le froid dans la grange malgré son manteau humide. Intrigué par la peluche, Klyde la prit avec précaution pour mieux l'observer et la reposa quand Anoushka revint. C'était effectivement une belle pièce. Bien qu'il soit loin d'être expert en la matière, il se fiait aux horloges qu'il avait déjà vues derrière les vitrines de Saratov lors des entraînements nocturnes sur le terrain. "Oui je veux bien. Tu aimes la mécanique ?"

Anoushka répondit un "Oui." enthousiaste qui se passait de détails et retourna poser l'horloge mécanique. Elle en prenait soin avec diligence. Puis elle revint dans sa chambre et trottina jusqu'au coffre au vieux bois de chênes. "J'essaye d'en faire une, vous savez ? Et..." Elle farfouilla dans le grand coffre qui semblait sur le point d'avaler sa petite silhouette et en sortit des lunettes d'aviateur aux verres de la couleur de l'émeraude. "C'était à mon papa. Comme on allait en ville, j'pouvais pas les mettre." Elle les enfila sur sa tête et sourit d'une oreille à l'autre. "J'aimerais trouver des lentilles qui agrandissent pour mettre par-dessus les verres. Et oh !" Elle attrapa un tas de parchemins de mauvaise facture et vint s'asseoir à côté de Klyde. "Mais avant, voilà mon deuxième objet de cœur." Elle tira de sous sa tunique une amulette avec la croix du Seigneur. "C'était à ma maman, pour qu'Il me protège." Elle semblait triste soudain.

Elle était triste. Elle avait encore parlé de ses parents et elle était triste maintenant. Pourquoi en parler alors ? Devait-il faire quelque chose ? {Ce serait une idée Trésor.} Incertain, Klyde posa sa main saine sur celle de l'enfant, celle qui tenait l'amulette. "Je suis certain qu'Il te guidera comme.... comme Il le fait pour moi." La présence de Sveta aux limites de son esprit le poussa à continuer. "Tes parents sont sûrement fiers de la bonne personne que tu es aujourd'hui. Et tes grands-parents aussi" ajouta-il en repensant à la gentillesse des aînés à son égard. "Tu as de beaux rêves, garde-les." {Toi aussi mon petit, toi aussi...} Sa gorge se serra alors qu'il lâchait la petite main glisser un doigt sur la bordure d'un des verres ronds des lunettes, esquissant un sourire maladroit pour qu'Anoushka ne soit plus triste.

Un loup hurla dans la pénombre de la nuit faiblement éclairée par une lune nouvelle. Il chantait pour la force de sa meute contre des rivaux plus lointains. Anoushka comprenait trop bien ce qu'il disait. Mais elle n'en laissa rien paraître. Déjà, du haut de ses huit années, elle avait appris à ignorer tout cela. Même si elle se demandait toujours s'Il la protégeait vraiment, si elle n'était pas un démon. Non. Ne pas y penser. Ni à ses parents, ce soir. La maison avait un invité après tout. Alors elle lui sourit sincèrement, bien qu'encore un peu triste, puis enleva ses lunettes d'aviateur pour les lui passer. "Essayez. C'est amusant en vert. Et elles sont un peu grossissantes. Je regarde les oiseaux avec, et je cherche les puces sur Sobaka ; Dedoula voit très mal." Elle se mit à rire.

Spoiler:

Il ressentait un certain apaisement, et un soupçon de fierté, quand il arrivait à effacer la tristesse du visage d'Anoushka. Klyde se rendait compte qu'il était bien plus difficile de faire sourire une enfant que de laisser un masque de surprise et de terreur gravé sur le faciès d'un démon. Alors il apprenait comment faire, il était là pour ça de toute façon. Avec précaution, il lui prit les lunettes d'aviateur des mains et les posa simplement devant ses yeux. "C'est... surprenant. Ton visage est plus rond." Il les recula pour mieux apprécier la différence et les replaça. "Pourquoi en vert ? Tu ne vois pas les vraies couleurs des oiseaux avec ça." D'ailleurs.... des lunettes grossissantes seraient un bon investissement pour la traque...

PS:

Anoushka fit résonner son rire de crécelle, manquant de tomber de son lit dans son enthousiaste. Il était bien drôle son invité avec ses lunettes serrées à la taille du crâne d'une petite fille. "Je ne sais pas pourquoi ils sont verts, c'était à papa. Puis, ce n'est pas pour regarder les oiseaux au départ. Mais pour voler là-haut." Elle fit un large cercle avec ses bras pour pointer le plafond qu'elle fixa avec un moue. "Pas celui-là de là-haut. Celui qui est bleu ou noir, tendre ou agité. Le là-haut, tout là-haut, avec les oiseaux où les dirigeables volent et virevoltent !" Elle rit à nouveau, souriant d'une oreille à l'autre. "Ce doit être vraiment bien d'être tout là-haut." Un comble, pour une louve, un animal terrestre. Des fois, elle se disait qu'elle aurait dû être un oiseau, tant elle aimait ce rêve de voler un jour, et voyager dans tous les cieux de la Terre.

PS:

Encore les dirigeables.... "Il ne faut pas de nuages ; tu ne vois rien depuis le dirigeable quand il y a des nuages. Et ils ne virevoltent pas non plus." Il ne manquerait plus que ça. Les rafales de vent étaient déjà assez pénibles. "Les pilotes doivent beaucoup voyager eux aussi, non ? Mais je ne sais pas comment tu pourrais apprendre. Je préfère la terre ferme, les Hommes ne sont pas faits pour voler." Il lui rendit les lunettes et jeta un coup d’œil aux parchemins roulés à côté d'eux. Il connaissait la fragilité du papier et les gestes de douceur à adopter pour le manipuler. C'était une des cartes d'Anoushka : il repérait les méandres bleus de la Volga sur la partie gauche, les détails exposaient d'avantage ce qu'il y avait au-delà de sa rive est. "Où sommes-nous ?"

Anoushka fit une moue têtue. "Je suis sûre que je pourrais faire virevolter un dirigeable. Et puis, c'est trop bien de nager dans une mer de nuages ! Ça doit être tout cotonneux, tout doux, tout moelleux..." Elle avait pris un air rêveur qui ne se dissipa que lorsque Klyde lui pose une question sur une de ses cartes. C'était un cadeau récent d'Andrei, un grand parchemin montrant l'intégralité de la Russie - elle avait senti son cœur menacer de s'échapper tant il battait fort quand il lui avait offert, et elle n'avait pas trop compris pourquoi. Elle n'arrivait pas encore très bien à la lire correctement. Mais Dedoula et Andrei lui avaient montré où ils étaient. Elle déroula le parchemin jusqu'à atteindre la moitié environ et pointa vaguement entre les fleuves Ob et Ienissei. "Par là... quelque part par là." La petite afficha un sourire contrit. "Désolée, je ne sais pas dire mieux pour nous situer."

Klyde regarda l'emplacement que lui avait indiqué Anoushka dans un silence.... réellement dubitatif pour une fois. Il glissa son regard du point à celui de la capitale, plusieurs fois, et lâcha un soupire dépité. "Je viens de là" dit-il en désignant d'un cercle de la main les villes plus au sud de Moscou. "Je ne pensais pas m'être trompé autan. Je ne sais pas si les nuages sont vraiment doux, j'étais derrière une vitre. Il y avait trop de vent." En regardant une nouvelle la distance qu'il avait parcouru, il se dit que peut-être, peut-être, sa sieste pour calmer ses nausées avait duré plus longtemps que prévu. Le stress de découvrir par lui-même le monde extérieur n'avait pas aidé, Sveta avait passé un temps fou à le rassurer quand les prêtres l'ont mit à la porte (bien qu'il ait gardé une mine stoïque de circonstance, il ne voulait pas qu'ils doutent de lui).

Anoushka roula des yeux. Klyde était vraiment enclin à voir le mauvais côté des choses. "Mais le vent, ça permet de faire des pirouettes. Comme sur les machines des forains !" Ses yeux pétillaient de joie au souvenir. Elle n'y était allée qu'une fois, invitée par la famille d'Andrei, qui avait payé la très chère entrée pour tout leur petit groupe d'amis ; ça avait été fabuleux. La petite fille attrapa sa peluche, une sorte de chien-mouton (sans doute un chien mais la laine dans lequel il avait été confectionné lui donnait une allure cotonneuse) et le fit virevolter avec des "fffff" sensés représenter le vent. "Des pirouettes comme ça ! Et comme ça ! Et fffffff... Un salto arrière. Pirouette latérale. Salto avant. Poirier." Elle se mit soudainement à rire, ne se retenant plus. "Mais ne vous en faites pas, Monsieur Klyde, j'ai eu une idée. Le père d'Andrei, il a un véhicule mécanique. Ça serait plus rapide que le tracteur pour aller à la gare !"

Salto, pirouette, poirier. Il connaissait les mouvements, il avait appris à les exécuter, parfois en étant armé, avec son lot de blessures et de corrections à chaque échec. Anoushka avait-elle appris elle aussi ? Elle semblait en garder un meilleur souvenir que lui. Non, ça ne devait pas être ça, elle vivait dans une maison avec sa famille. Au lieu de se prendre la tête sur ce 'détail', il préféra poser une autre question qui le taraudait. "Qu'est-ce que des forains ?" Il ne voyait pas le lien entre des foreuses et les pirouettes qu'elle lui mimait. "Je te fais confiance, je ne connais pas le père d'Andrei." Le 'Monsieur Klyde' lui sonnait toujours aussi faux mais c'est ce qu'elle avait choisi pour lui, il finira par s'y habituer.

"Vous ne connaissez pas les forains, Monsieur Klyde ?!" s'exclama Anoushka avec un o d'étonnement. Elle sauta d'un bond sur son lit pour s'expliquer, parlant vite, pleine d'enthousiasme. "Ils ont des machines pour nous faire viiite. Et des tours viiite. Et il y a des tours de passe passe, et des sucreries. Miam miam. Mais le mieux, ce sont les machines ! Et oh ! Aussi les objets et animaux mécaniques. C'est trop... whaouu ! On en voit pas ailleurs." La petite lui sourit d'une oreille à l'autre. "L'autre fois, yavait une course de petits bateaux à vapeur et j'ai gagné ! Contre Andrei ! Et j'ai eu des bonbons en lot ! " Elle finit par se laisser retomber sur son lit, essoufflée. "Trop bien... j'aimerais y retourner, un jour." Elle tourna la tête vers lui. "Et vous ?"

Et lui...? Elle pouvait très bien lui parler d'un autre pays que les images qu'il en aurait seraient aussi floues et inventées. Il n'avait plus le souvenir précis d'avoir un jour goûté à des sucreries mais le concept ne lui était pas étranger. Des machines, il y en avait à Saratov, mais utilisées pour le travail ou les transports. Des bateaux aussi, il en avait vu beaucoup mais n'avait pas le droit de les approcher. Et des trains. Klyde resta une fois de plus perdu dans ses pensées, son silence contrastait horriblement avec les babillages enthousiastes d'Anoushka. Quand il répondit enfin, ses mots furent presque un murmure. "Je ne connais pas."

A l'écoute de la méconnaissance avouée de Monsieur Klyde, l'enthousiasme d'Anouskha fut douché par une terrible tristesse. Monsieur Klyde semblait peu connaître des bonnes choses. Elle devait faire quelque chose ! Mais quoi ? Oh ! Elle savait, c'était l'évidence même, un acte tout simple. Sans hésiter, elle entoura de ses bras le cou de l'invité pour lui faire un câlin réconfortant, comme ceux de Dedoula et Baboula quand elle était triste. Puis elle attrapa sa peluche et la fourra d'autorité dans ses bras. "J'vous laisse Sobamoumoute pour pas être tout seul cette nuit." Soudain, un baillement sonore lui échappa ; la fatigue venait de reprendre ses droits.

L'attaque soudaine de l'enfant lui valut toute sa maîtrise de soi pour rester immobile, sa respiration se coupant un bref instant alors que tous ses nerfs se tendirent. Si une autre personne s'était risqué à s'approcher autant de son visage sans prévenir, il se serait à coup sûr retrouvé avec son couteau sous la gorge. {Détend-toi Trésor, ce n'est qu'un geste affectif innocent. Elle ne te veut aucun mal.} C'était Anoushka. La petite qui lui attrapait la main et parlait tout le temps avec le sourire. La petite qui portait la croix du Seigneur sur son cœur et l'avait invité sous son toit. Ses épaules se relâchèrent alors qu'elle lui fourrait l'hybride pelucheux dans les mains. La texture était plutôt agréable au toucher et tenait parfaitement dans es mains plus grandes. "Je serai avec vingts moutons cette nuit, tu l'as dit. Je ne serai pas seul." Des signes de fatigue. "Tu veux que je partes pour dormir ?"

Elle avait senti que Monsieur Klyde s'était figé dans son câlin avant de se détendre. Petit moment de réflexion... Le pauvre. Il semblait traumatisé. Sans doute un de ces malheureux à l'enfance douloureuse. Anoushka remercia le Seigneur de lui avoir offert ses merveilleux Dedoula et Baboula. Oui, elle était fatiguée. Mais elle avait l'habitude de fuir le sommeil le soir. Seulement elle n'avait que peu dormi la veille et pas du tout le jour d'avant. Alors elle secoua vivement la tête et sourit à Klyde. "Les moutons font que bêêê-êê-bêê et Sobaka va travailler. Et le cheval dort seul. Donc Sobamoumoute, c'est mieux pour tenir compagnie. Il rassure."

"Si je n'te tiens pas compagnie, tu vas pleurer toute la nuit. Et je veux dormir moi ! Pousse-toi un peu, tu prends toute la place." Cette fois, le souvenir était net. Il revoyait Nika prétexter une nuit tranquille pour se faufiler dans son lit et le rassurer. Il avait trop usé de la patience de ses professeurs et récitait toujours aussi mal les textes sacrés. La peau de son dos avait mis des jours à cicatriser. C'était risqué de la part de Nika mais il avait apprécié le geste. Sveta était là désormais mais ce n'était pas pareil. Elle lui parlait mais il ne pouvait pas se cacher contre elle en fermant fort les yeux pendant que ses larmes se tarissaient. "Merci Anoushka... et Sobamoumoute. Mais toi, tu vas dormir seule ?" Il ne voulait pas la rendre triste si elle n'avait personne pour la rassurer cette nuit.

PS:

Elle allait être seule pour cette nuit en effet. Mais Anoushka ne laissa rien paraître. Ni que Sobamoumoute chassait les mauvais rêves et la tristesse de la mort de ses parents. Ni qu'elle entendait trop les appels des loups sans sa présence ; surtout pas ça. Elle sourit, d'un sourire bancal qui n'atteignit pas ses yeux, et chercha une semi-vérité plausible à lui fournir en explication. Mais elle fut sauvée de sa peine par le grincement de la porte de sa chambre. Dedoula lui sourit tendrement puis se tourna vers Monsieur Klyde pour lui indiquer qu'il avait fini de préparer son lit dans la grange. Anoushka affiche aussitôt une moue boudeuse. "Déjà ?! Il est encore tôt, Dedoula !" Le vieil homme se mit à rire doucement et lui rappela que son rôle d'hôte n'était pas de le fatiguer, mais de lui proposer du repos. Alors Anoushka murmura un petit "D'accord..." puis sourit à Klyde : "Bonne nuit avec Sobamoumoute. A demain !"

Klyde fixa l'enfant avec un léger froncement de sourcils mais ne discuta pas sa décision. "Bonne nuit, à demain" se contenta-t-il de dire en la saluant d'un signe de tête maladroit et se leva du lit pour suivre le grand-père, Sobamoumoute en main. De retour dans la salle à manger, le vieille homme lui laissa reprendre ses affaires (qui n'avaient pas été touché, son chapeau était toujours dans le même équilibre précaire qu'il avait laissé) et s'avança hors de la maison pour atteindre une autre bâtisse. Un chien immense au pelage blanc et noir les attendait devant une petite porte latérale de la grange. L'animal s'approcha de Klyde, un brin méfiant, et vint le renifler. Le vieil homme lui assura qu'il n'avait rien à craindre, qu'il voulait juste connaitre son odeur. Une léchouille sur le dos de la main plus tard, Sobaka repartit dans la nuit, la queue remuant de satisfaction. "Il est vraiment grand ce chien" murmura le Guide.